LOUIS XV, LES PERSONNALITES
PIERRE AUGUSTIN CARRON, DIT BEAUMARCHAIS
HORLOGER DU ROI
Avant de devenir auteur dramatique à succès, Pierre Augustin Caron, le futur Beaumarchais et le créateur de Figaro, travaille dans la boutique d'horlogerie de son père. Par son talent et son génie inventif, le jeune artisan va s'imposer à la Cour et, en 1753, deviendra l'horloger de Louis XV.
Avant de devenir un célèbre auteur dramatique, Pierre Augustin Caron, né le 24 janvier 1732 et ne portant pas encore le nom de Beaumarchais, a débuté à l'âge de treize ans comme horloger dans l'atelier de son père, rue Saint Denis. Caron père, bien que simple artisan, possède des connaissances scientifiques étendues et une culture littéraire variée qu'il transmettra à son fils. Dans la boutique du maître horloger se presse une riche et élégante clientèle : au XVIIIème siècle, une montre est un objet d'art, au boîtier fréquemment décoré d'émaux, de pierres précieuses, de petites scènes de genre. Caron fils créera des montres ravissantes, en particulier un modèle qui s'ouvre comme une fleur, voilant son mécanisme d'une fine résille d'or et de pierreries.
Cependant ni les montres ni les horloges ne donnent alors
l'heure exacte : il faut compter avec une incertitude d'une demi-heure! Tous
les horlogers d'Europe se demandent comment ils pourraient obtenir un mouvement
des rouages parfaitement régulier; et certains ne sont pas loin de penser que
c'est impossible.
Caron fils n'a que vingt et un ans lorsqu'il met au point
un nouvel échappement (le dispositif régularisant la détente du ressort), un
système qui, par ailleurs, permet de diminuer le volume du mouvement, et donc
la taille du boîtier. Cette année-là, en 1753, la boutique Caron, dont la renommée
ne cesse de grandir, reçoit souvent la visite d'un confrère célèbre, le bijoutier
Jean Baptiste Lepaute, horloger attitré de Versailles et des Grands. Flatté
de l'intérêt que cet important personnage porte à ses travaux, Pierre Augustin
l'accueille avec chaleur et, démonstrations à l'appui, explique l'évolution
de ses recherches et leurs résultats. Quand le grand maître tente de s'approprier
son invention, il réplique aussitôt en rédigeant un Mémoire dans lequel
il expose ses travaux et établit la preuve qu'il en est bien l'auteur; ce qui
lui permet d'obtenir la reconnaissance de l'Académie royale des Sciences.
Déjà,
le futur Beaumarchais a le sens de la publicité : son Mémoire est publié en
brochure au format de poche. L'affaire fait grand bruit, et cette révélation
publique attire l'attention de Louis XV. Le souverain est le premier à commander
une des nouvelles montres de l'inventeur, qu'il reçoit à Versailles et qui l'informe
de sa capacité à fabriquer aussi des montres plus plates et plus petites.
Après Louis XV, c'est sa favorite, la marquise de Pompadour,
qui s'enthousiasme pour les créations de Pierre Augustin. Celui-ci lui confectionne
un mécanisme serti dans le chaton d'une bague et se voit convier au lever de
Sa Majesté afin de présenter sa montre plate aux gentilhommes de la Cour. "Dès
que Beaumarchais parut à Versailles, les femmes furent frappées de sa haute
stature, de sa taille svelte et bien prise, de la régularité de ses traits,
de son teint vif et animé, de son regard assuré, de cet air dominant qui semblait
l'élever au-dessus de tout ce qui l'environnait", rapporte son ami
et biographe Gudin de La Brenellerie. En revanche, ses talents et son charme
suscitent la jalousie de la gent masculine!
Désormais promu horloger du roi,
Caron fils reçoit de nombreuses commandes. Tous les grands seigneurs "suivent
l'exemple du roi, et chacun voudrait être servi le premier", constate-t-il.
Son état semble si bien établi qu'il écrit à la gazette Le Mercure de France
: "Je suis un jeune artiste qui n'ait l'honneur d'être
connu du public que par l'invention d'un nouvel échappement à repos pour les
montres (...). Ce succès me fixe à l'état d'horloger et je borne toute mon ambition
à acquérir la science de mon art". C'est également son métier d'horloger
qui lui vaut de rencontrer Madeleine Catherine Francquet, épouse d'un contrôleur
de bouche dont il est l'ami et qui lui cède sa charge le 9 novembre 1755. L'année
suivante, il se marie avec la jeune femme, devenue veuve. Mais celle-ci meurt
peu après et, le 21 octobre 1756, Pierre Augustin Caron prend le nom de la terre
de Beaumarchais qu'elle lui a léguée.
Page MAJ ou créée le 2003