LOUIS XIII, LES PERSONNALITES
BERNARD DE SAXE WEIMAR
BERNARD DE SAXE ENTRE AU SERVICE DE LA FRANCE
Farouche ennemi de l'Empire, le prince allemand Bernard de Saxe Weimar entre au service de Louis XIII, le 27 octobre 1635, en signant le traité de Saint Germain en Laye. Ce grand soldat, l'un des plus talentueux de la guerre de Trente ans, servira le roi de France avec loyauté, sans toutefois négliger sa fortune personnelle.
Quand Bernard de Saxe Weimar entre au service de la France, il est déjà pratiquement au sommet de son talent et de sa puissance. Il a surtout treize longues années d'expérience de la guerre. Fils du duc Jean III de Saxe Weimar et né le 16 août 1604 à Weimar, il a perdu tôt ses parents et est passé sous la tutelle de son aîné, le duc Jean Ernest. Il a reçu une excellente éducation : religion, latin, français, sciences, histoire, géographie. Mais, rebuté par l'étroitesse d'esprit de ses professeurs, il a abandonné ses études à l'université d'Iéna. Féru d'exercice physique, il s'adonne à l'équitation avec ardeur. Homme sain, adroit et fort, il sera capable de supporter toutes les fatigues de la guerre. Haïssant le luxe et la molesse, il est sobre, tempérant et très pieux; sa foi est d'obédience luthérienne. Toute sa vie, il se battra contre l'Empereur, qui a envahi la Saxe.
Dès 1623, à l'âge de dix neuf ans,
Bernard de Saxe Weimar part pour la Hollande, où l'accueille le prince
d'Orange. Il y étudie attentivement l'art des fortifications et des sièges,
dans lequel les Hollandais excellent. Deux ans plus tard, il entre au service
du roi de Danemark, qui mène alors la guerre contre les Impériaux,
et se distingue par son courage et son intelligence tactique; il tente de former
une ligue des princes protestants, mais la pusillanimité de l'Electeur
de Saxe le fait échouer. Il se rend alors au camp du roi Gustave Adolphe
de Suède, qui le reçoit avec distintion et le nomme en 1631 colonel
de la cavalerie de sa garde. Les deux hommes signent bientôt un traité
d'alliance.
Bernard de Saxe Weimar s'empare de Spire et par un heureux stratagème,
accède à la place forte de Mannheim et s'avance dans le Tyrol.
Son plan est de séparer la Bavière de l'Autriche, mais il est
rappelé par le roi, qui prend ombrage de sa gloire naissante. Gustave
Adolphe lui donne cependant la propriété du duché de Bamberg,
dont il s'est emparé, et de Würzburg, réunis sous le titre
de duché de Franconie. Puis il l'envoie se battre sur le Rhin.
Après
la mort du roi Gustave Adolphe, Bernard de Saxe Weimar entretient des relations
tendues avec le chancelier suédois Oxenstrerne. Fin 1634, il entame des
pourparlers avec la France et obtient le concours de six mille Français
pour lever le siège de Heidelberg. Tandis que son projet échoue
à cause des intrigues de l'Electeur de Saxe, la paix de Prague lui enlève
tout espoir de tirer des secours d'Allemagne; et le jette dans les bras de la
France, intéressé par cet ennemi talentueux des Habsbourg.
Le 27 octobre 1635, Bernard de Saxe Weimar signe le traité
de Saint Germain en Laye avec le roi de France. Souhaitant protéger ses
garnisons alsaciennes, Louis XIII lui promet quatre millions de livres par an
pour entretenir une puissante armée en Allemagne pendant toute la durée
de la guerre. L'accord précise la composition de cette armée :
six mille chevaux et douze mille hommes de pied allemands, plus un équipage
d'artillerie avec au moins six cents chevaux. Bernard de Saxe Weimar devra lui
fournir vivres et munitions et payer ses appointements. le roi demande qu'elle
soit commandée par de "bons chefs",
que le duc "choisira parmi ceux qu'il aura reconnus
plus capables expérimentés au métier de la guerre".
Il insiste sur la qualité des hommes et la discipline, afin que ses sujets
n'en "reçoivent aucune oppression"
et que ses troupes ne se livrent pas à des pillages dans le royaume.
Enfin, il est stipulé qu'aucun des deux signataires ne devra traiter
seul avec l'Empereur.
L'accord comprend en outre des clauses secrètes.
Si Bernard de Saxe Weimar a la direction de tous les actes de guerre, il se
place sous les ordres de Louis XIII. En échange, il lui est alloué
à titre personnel une rente annuelle de deux cent mille livres; et, la
paix revenue, il recevra une pension. Contre la promesse de sa faire catholique,
il se voit promettre le langraviat d'Alsace et bailliage d'Haguenau, à
charge de les conquérir sur l'Empire et d'y veiller au maintien sans
troubles de la religion catholique. Bien que luthérien, Bernard de Saxe
Weimar n'hésite pas à s'allier à la France, car celle-ci
promet de rétablir les libertés allemandes contre les Habsbourg,
donc de rendre sa liberté à la Saxe. Et puis, il se donne là
les moyens de réaliser un rêve secret : se tailler une principauté
indépendante en Allemagne.
Page MAJ ou créée le 05/07/2004