LOUIS XV, LES ARTS ET LES SCIENCES

 

L'EGLISE SAINTE GENEVIEVE

Louis XV a formé le voeu de faire reconstruire l'église de l'abbaye Sainte Geneviève pour remercier la sainte de lui avoir accordé sa protection et permis de recouvrer la santé. Le 6 septembre 1764, il va poser solennellement la première pierre du sanctuaire conçu par l'architecte Jacques Germain Soufflot.

Le 6 septembre 1764, au cours d'une cérémonie solennelle, Louis XV pose la première pierre de la nouvelle église Sainte Geneviève à Paris. Vingt ans auparavant, tombé gravement malade, il a invoqué la protection de la sainte. Une fois rétabli, il a effectué un pélerinage d'action de grâces et a constaté combien l'église de l'abbaye Sainte Geneviève est petite et vétuste : c'est alors qu'il a formé le voeu de la faire remplacer par un nouveau sanctuaire digne de celle qui l'a sauvé.
La reconstruction de l'église Sainte Geneviève n'est pas motivée par la seule piété. Le prestige royal, afaibli par le traité de paix défavorable d'Aix la Chapelle, signé en octobre 1748 à l'issue de la guerre de Succession d'Autriche, a besoin d'être raffermi. Une politique d'embellissement des villes semble au souverain susceptible de restaurer la confiance et l'admiration de ses sujets. Le chantier de la nouvelle église va lui permettre de mener à bien ce dessein.

Afin de réunir les fonds nécessaires à une telle entreprise, les billets de trois loteries qui se tirent alors à Paris sont augmentés d'un cinquième, soit quatre sols : deux pour l'église et deux pour l'accroissement des lots. En 1755, Louis XV demande à Abel François Poisson, marquis de Marigny, frère cadet de sa favorite madame de Pompadour et surintendant des Bâtiments du roi, de se charger de la reconstruction. Ce dernier, passionné d'art et très au fait des derniers courants novateurs, choisit un jeune architecte qui, jusque-là, s'est surtout fait remarquer à Lyon, Jacques Germain Soufflot. Précédé d'une réputation flatteuse, Soufflot a fait plusieurs séjours en Italie. Enthousiasmé par cette commande, il va chercher à dépasser les anciens modèles d'architecture religieuse, qu'il trouve trop massifs, pour rivaliser avec les cathédrales Saint Pierre de Rome et Saint Paul de Londres. Il lui faut deux années pour établir les plans, qui sont approuvés en 1757 et réunissent, selon lui, "la légèreté de la construction des édifices gothiques avec la pureté et la magnificence de l'architecture grecque".
De 1757 à 1764 ont lieu les travaux de fondation, la construction d'une immense plateforme de quatre assises de pierres noyées dans du mortier et enfin la réalisation des cryptes, c'est-à-dire de l'église inférieure. Le 6 septembre 1764, Louis XV peut poser la première pierre de l'église supérieure devant une immense toile sur châssis où a été peinte la façade du futur édifice.

Pour obtenir la légèreté qu'il désire, Soufflot réduit au maximum l'importance des piliers sur lesquels doit reposer la voûte, ce qui suscite à la fois éloges et critiques. En 1770, un de ses confrères, l'architecte Pierre Patte, lance une polémique en envoyant au directeur général des Bâtiments du roi un mémoire dans lequel il affirme que les piliers ne pourront jamais supporter le dôme et se fait fort d'en apporter la preuve mathématique. Soufflot le prend au mot et propose un pari de douze mille livres à cet "homme qui n'a jamais rien construit" pour apporter la preuve du bien-fondé de ses plans. Patte se dérobe; et Soufflot continue ses travaux tout en expliquant ses partis pris par de savantes équations.
Malheureusement, accablé de dettes et miné par les soucis, Soufflot meurt en 1780, à l'âge de soixante sept ans, sans avoir terminé son oeuvre. Le chantier est repris par son assistant, Jean Baptiste Rondelet, qui poursuit les travaux malgré les difficultés financières. Le tambour du dôme est bâti entre 1785 et 1790. C'est alors que des fissures apparaissent dans les piliers, que Rondelet décide imédiatement de renforcer, donnant ainsi raison aux détracteurs de Soufflot. Un visiteur du chantier a témoigné des risques encourus par ceux qui pénètrent dans l'église : "Le moindre mouvement me semblait annoncer la chute prochaine du dôme (...). En sortant de l'édifice, j'éprouvais le plaisir qu'éprouvent les matelots et les guerriers à la suite des tempêtes et des combats : celui de me sentir encore vivant".
Lorsque la Révolution éclate, la nouvelle église est en cours d'achèvement : le gros oeuvre est terminé, mais les grands cycles décoratifs retraçant l'histoire de la religion chrétienne prévus pour l'intérieur ne sont qu'à l'état d'ébauche. Bientôt, va se former le projet de consacrer l'église Sainte Geneviève non plus à Dieu, mais aux grands hommes.

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