HENRI IV MET LE SIEGE DEVANT PARIS (7
mai 1590)
Depuis qu'il a succédé à feu Henri III, Henri IV
doit batailler pour conquérir son royaume. Mais il est surtout un roi
sans capitale, car Paris est aux mains de la Ligue ultra-catholique. Aussi va-t-il
établir un blocus sévère, puis, le 7 mai 1590, mettre le
siège devant la cité, dont il espère se rendre maître
pour la convaincre de se soumettre à son autorité.
A la bataille d'Arques, en septembre 1589, son génie de tacticien
a été reconnu. A Ivry, en mars 1590, son héroïsme
a été consacré. Lors de ces deux batailles remportées
sur la Ligue, malgré l'infériorité numérique de
ses troupes, Henri IV s'est révélé grand stratège
et chef de guerre. Mais, pour l'heure, il est encore un roi sans capitale. Aux
mains de la Ligue ultra-catholique, Paris résiste toujours. Et sa population
s'obstine à garder les portes closes à ce souverain protestant. Sagement,
le roi n'a pas poussé son avantage à la suite de sa victoire d'Ivry.
Il estime qu'il lui faut d'abord se rendre maître des alentours de la
capitale. Pendant le mois d'avril, il s'empare de toutes les vallées
(Corbeil, Melun, Bray, Provins, Lagny), de tous les ponts, de toutes les routes
par lesquels le ravitaillement est acheminé vers Paris. Et, le 7 mai
1590, il met le siège devant la cité, qu'il fait encercler par
cinq mille cavaliers et seize mille hommes à pied.
Tandis que de grosses pièces d'artillerie sont établies
sur les collines de Montmartre et de Montfaucon, la troupe occupe les hauteurs
du nord de la capitale. Le roi ordonne aux arquebusiers de tirer à l'aveuglette
afin d'entretenir une atmosphère d'insécurité propice à
effrayer et à décourager les assiégés. Le 12 mai,
il lance une offensive sur le faubourg Saint Martin. Cette opération
lui permet de tâter le terrain, de sonder la motivation des forces de
la Ligue. Pendant quatre heures, le combat fait rage. Finalement, le jeune Henri
1er de Savoie, duc de Nemours, commandant militaire en l'absence du duc Charles
de Mayenne, repousse l'assaut. La victoire, bien que modeste et non décisive,
galvanise le moral des Parisiens et la Ligue la fête en organisant une
impressionnante procession de moines travestis en soldats. Le souverain,
lui, tire les leçons de ce revers. Concentrant désormais ses efforts
sur les moulins des faubourgs qu'il fait cantonner, il resserre le blocus, occupe
Conflans Sainte honorine, L'Isle Adam, Beaumont sur Oise. Le résultat
ne se fait guère attendre : la famine menace. Même en évitant
tout gaspillage, Paris ne pourra tenir plus d'un mois. Aussi Henri IV choisit-il
de préserver ses hommes et se contente-t-il d'effrayer l'adversaire par
des tirs nourris d'artillerie. De fait, la peur tenaille les assiégés.
Une nuit, réveillés soudainement par un concert de tambours, trompettes,
clairons et cornets à bouquins, ils se précipitent sur les remparts
prêts à l'affrontement. Mais ce n'est qu'une fausse alerte : dans
leur campement au pied des remparts, les royaux se divertissent! L'incident
amuse le roi, qui le commente avec son humour habituel : "Il faut bien
dire que ma maîtresse [la ville de Paris] est bien farouche, puisqu'elle
en veut jusqu'à la douce musique que je lui envoie pour la réjouir".
Toutefois, même s'ils sont taraudés par la
faim, les Parisiens ne désarment pas. Au mois de juin, le pain commence
à manquer, et l'on mélange déjà de l'avoine au froment.
Depuis sa tente, sous les murs de la cité, Henri IV connaît la
détresse des assiégés, et leur souffrance le touche. Le
24 juillet, il autorise mille pauvres à quitter Paris. Mais sa mansuétude
ne lui fait pas perdre de vue son but : s'emparer de la capitale. Le 27 juillet,
fort de troupes supplémentaires, le roi lance une attaque générale
contre les faubourgs. L'opération est un succès, mais ses assauts
se heurtent à la porte Saint Honoré, que Nemours à fait
murer. Cette remarquable avancée permet toutefois au souverain d'engager
des négociations en position de force avec les représentants de
la Ligue, le cardinal Pierre de Gondi, évêque de Paris, et le cardinal-primat
Pierre d'Epinac, archevêque de Lyon. Malheureusement, les pourparlers
tournent court. Les Ligueurs entendent s'adresser au roi de Navarre et non au
roi de France : Henri IV ne peut accepter un tel préalable. Pourtant
au lieu d'attaquer aussitôt Paris, qui ne saurait résister, le
roi accorde aux Ligueurs huit jours de réflexion. C'est une erreur. Mi-août,
le duc de Mayenne et l'armée de secours espagnole, commandée par
Alexandre Farnèse, duc de Parme et gouverneur des Pays Bas, approchent
à marche forcée. Faut-il lever le siège et livrer bataille
en rase campagne ou maintenir le blocus? Henri IV opte pour la première
solution en espérant qu'une franche victoire découragera définitivement
les Parisiens. Le 30 août 1590, il lève donc le siège de
la capitale.
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