LES BOURBONS
HENRI IV, CHEF DE GUERRE |
LA VICTOIRE DE FONTAINE-FRANCAISE En déclarant la guerre à l'Espagne, en janvier 1595, Henri IV s'appuie sur le sentiment national et la mobilisation du pays contre un ennemi qui soutient les derniers rebelles de la Ligue ultracatholique. Le pari de transformer la guerre civile en guerre contre l'étranger pour la libération du territoire est des plus hasardeux. Cependant, cinq mois plus tard, le 5 juin 1595, le roi sortira auréolé de gloire de la bataille de Fontaine-Française, une victoire qui suscitera alors un immense sursaut d'enthousiasme en sa faveur. Le roi Henri IV ne peut plus reculer : l'ingérence
de l'Espagne dans les affaires françaises est cause de trop de tourments
et interdit au royaume de connaître la paix civile à laquelle il
aspire tant. C'est donc contraint et forcé que, le 17 janvier 1595, il
déclare la guerre au roi Philippe II d'Espagne. Pour faire valoir sa
décision, le Béarnais reprend à son compte un raisonnement
qui a fait long feu : mobiliser le pays contre l'ennemi commun en s'appuyant
sur le sentiment national; en outre, les derniers ligueurs ultracatholiques
rebelles à son autorité seront discrédités et accusés
de pactiser avec l'ennemi. Cette stratégie est celle-là même
qu'a défendue, en son temps, l'amiral Gaspard de Coligny, chef du parti
huguenot, et qui a été expressément rejetée par
la reine-mère Catherine de Médicis. En revanche, Philippe II s'y
est souvent essayé, afin de conduire une guerre hors de ses frontières
pour faire l'unité de son pays, de provoquer des troubles chez les autres
pour éviter que l'agitation ne gagne son royaume... Début juin 1595, don Ferdinand de Velasco, duc de
Frias, gouverneur du Milanais et connétable de Castille, franchit les
Alpes à la tête d'une armée forte de douze mille hommes,
venus des garnisons d'Italie et de Sicile. A Besançon, il est rejoint
par la petite troupe du duc Charles de Mayenne, chef de la Ligue. Ensemble,
ils traversent la Saône et se dirigent vers Dijon afin de reprendre la
ville aux royaux. Cette action téméraire ne saurait suffire
à déterminer l'issue de la bataille. Henri IV prend position sur
une colline, mais il ne peut compter que sur huit cents hommes. En chef de guerre
expérimenté, et en homme rusé, il use alors d'un vieux
stratagème. Il "recrute" des paysans, armés de faux
qui luisent au soleil, et les fait manoeuvrer avec ses troupes. Le connétable
de Castille, qui observe de loin les mouvements de l'adversaire, se laisse berner.
Se fiant aux seules apparences, il conclut que l'armée française
dispose de forces importantes et sans oser l'affronter, choisit de rebrousser
chemin en repassant la Saône. Page MAJ ou créée le 02/07/2004 |