TUER LE ROI POUR ASSURER SON SALUT

Jean Châtel dit certes avoir été influencé dans sa tentative de régicide par les sermons vengeurs et les violentes diatribes que les Jésuites et d'autres congrégations catholiques multiplient à Paris contre le souverain, mais ses motivations sont fort complexes. Ce jeune homme à l'esprit perturbé s'adonne, comme le disent pudiquement les chroniqueurs de l'époque, à une déviation sexuelle. Bien qu'il n'y ait pas eu passage à l'acte, il est accablé par l'idée d'avoir été tenté par plusieurs péchés contre nature, dont un inceste avec sa soeur. Les exercices spirituels ordonnés par les Jésuites, les confessions qu'il n'a pas eu le courage de mener jusqu'au bout, les communions à son sens sacrilèges (puisqu'il pense les accomplir en état de péché, mais qu'il a néanmoins reçues) ont fait croître jusqu'à l'insurpportable son sentiment de culpabilité. Il n'a vu qu'une issue possible à son tourment : commettre un forfait tel qu'en lui valant la rémission de ses fautes, il assurera son salut éternel.

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