LES BOURBONS
HENRI IV, SA VIE |
L'ATTENTAT DE JEAN CHATEL CONTRE HENRI IV Le 27 décembre 1594, l'étudiant Jean Châtel se mêle aux gentilshommes de la suite d'Henri IV. Au moment où il va être frappé d'un coup de couteau, le roi a un brusque mouvement réflexe : faisant ainsi dévier la lame, il n'est que légèrement blessé à la lèvre supérieure. Mais, s'il échappe de peu à la mort, il n'en est pas moins victime d'un regain d'hostilité. Converti au catholicisme le 25 juillet 1593, sacré à Chartres
le 25 février de l'année suivante, Henri IV est toujours en butte à l'hostilité
des ligueurs et des catholiques extrémistes, qui le traitent de simulateur.
Plusieurs fois, il a été la cible de fanatiques. Jusqu'ici, la police a déjoué
ces tentatives d'attentat. Mais, le 27 décembre 1594, un certain Jean Châtel
va manquer de peu d'occire le roi. La foule s'écarte pour laisser le passage à deux seigneurs
venus présenter leurs hommages à Henri IV. L'un d'eux fait sa révérence et,
alors qu'il se penche pour le relever, le roi perçoit comme un geste furtif,
suivi d'un bruit étouffé et d'une légère sensation de douleur. Lorsqu'il se
redresse, un filet de sang coule de sa bouche. L'inconnu, qui a laissé tomber
à ses pieds un couteau plein de sang, est aussitôt ceinturé. Il reconnaît avoir
tenter de frapper le souverain pour le tuer; n'ayant pu atteindre sa poitrine,
protégée par l'épais manteau, il a visé le cou, mais le mouvement réflexe du
roi a dévié la lame. Henri IV s'en tire avec une blessure à la lèvre supérieure
et une dent cassée. Il s'empresse de rassurer les témoins de la scène : "Il
y a, Dieu merci, si peu de mal, que pour cela je ne m'en mettrai pas au lit
de meilleure heure". Ces vaillants propos sont immédiatement répercutés
dans toute la capitale, seul le lieu de l'agression étant tenu secret. Après une très courte instruction, Jean Châtel est condamné
à mort pour crime de lèse-majesté divine et humaine et supplicié le 29 décembre
en place de Grève. Les ligueurs s'empressent de lui rendre hommage comme à un
martyr. L'expulsion des Jésuites ravive les tensions avec Rome et les catholiques.
Quant aux huguenots, dont certains regrettent la conversion du roi, ils sont
tentés de voir dans l'acte de Châtel un avertissement divin. "Sire,
vous n'avez encore renoncé Dieu que des lèvres, et il s'est contenté de les
percer, mais si vous le renoncez un jour du coeur, alors il percera le coeur",
aurait déclaré Agrippa d'Aubigne, poète et homme de guerre proche du Béarnais. Page MAJ ou créée le 2002 |