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LA MORT D'HENRI D'ALBRET, ROI DE NAVARRE ET GRAND PERE D'HENRI IV
Henri IV a eu l'enfance d'un petit Béarnais
et non celle d'un prince français élevé à la Cour.
Il le doit en grande partie à son grand-père maternel, Henri d'Albret.
Lorsque celui-ci meurt, en mai 1555, le futur roi de France et de Navarre n'a
pas encore dix huit mois.
"Tu seras un vrai Béarnais",
a prédit Henri d'Albret, roi de Navarre, à la naissance de son
petit fils, le 14 décembre 1553. Alors que sa mère, Jeanne, a
quitté le Béarn pour rejoindre son époux Antoine de Bourbon
qui guerroie dans le Nord du royaume de France, le nourrisson a été
confié à son possessif grand-père, qui entend bien présider
à ses destinées. Les chroniqueurs ont attribué au roi de
Navarre le mérite d'une éducation simple et au grand air, aux
antipodes des raffinements "maléfiques" de la Cour de France.
"Tant que vécut le bon roi
Henri d'Albret, il ne voulut que son petit-fils fût mignardé délicatement
et a été vu, à la mode du pays, parmi les autres enfants
du village, quelquefois pieds descaux et nu-tête, tant en hiver qu'en
été, qui est une des causes pour lesquelles les Béarnais
sont robustes et agiles singulièrement", relate
Palma Cayet dans sa Chronique novénaire. Passé la période
de sevrage, le bébé a été confié à
une famille béarnaise, les Miossens, qui vivent à une quinzaine
de kilomètres au sud de Pau, à Coarraze. Le père est un Albret, lieutenant
général du roi de Navarre, son cousin. La mère, Suzanne,
est une Bourbon, issue de la branche non légitime des Bourbons Busset.
Le petit Henri est élevé avec les enfants de la maison et les
domestiques. La légende a usé et abusé de ce séjour
à Corroaze pour illustrer le thème d'un roi populaire, proche
de la nature et des petites gens. Pourtant, cette éducation, dont on
a beaucoup exagéré la rusticité, n'a guère différé
de celle des enfants de haut lignage.
Le grand-père d'Albret n'exerce
toutefois pas bien longtemps son autorité parentale. Il meurt le 24 mai
à Hagetmau, au château de Gramont, sur le chemin de Nérac
à Pau. Il n'a que cinquante deux ans, mais sa santé a deouis peu considérablement
décliné : "Que disions
nous du roi, privé de sa Marguerite (sa femme, morte le 21 décembre
1549); Il n'avait plus cette ferme façon de vivre, et allait variant
à tous propos, faisant le mécontent. Ce pauvre prince futait partout,
mais plus il allait, plus le mal le suivait et lui faisait la guerre".
Henri n'a pas encore dix huit mois. Trois mois auparavant, le 19 février,
il a eu un frère, Louis Charles, titré comte de Marle, né
au château de Gaillon dans la résidence du cardinal de Bourbon,
bien loin du Béarn. Jeanne d'Albret est bouleversée par la mort
de son père. Elle se tourmente de ne pas l'avoir revu, de l'avoir laissé
mourir comme elle a laissé mourir sa mère, dans la solitude. Antoine
de Bourbon lui adresse une lettre de condoléances pleine de délicatesse,
dans laquelle il lui demande de se montrer sage malgré sa douleur et
l'assuré qu'il lui "servira de père, mère, frère
et mari". Le couple se retrouve au château de Barrault, en Dordogne,
puis prend le chemin du Béarn. A la mi-juin, Jeanne, nouvelle reine de
Navarre et souveraine du Béarn, fait son entrée dans ses Etats
avec son époux et le petit Henri, désormais "prince de Navarre".
Le 25 juillet, les funérailles d'Henri
d'Albret sont célébrées à Lescar, "tout
ainsi qu'on fait aux rois de France", comme l'a souhaité la
nouvelle reine. Dès son avènement, Jeanne III de Navarre est confrontée
au problème du statut de son mari. Antoine de Bourbon Vendôme veut
recevoir, en son nom et au nom de son épouse, les serments d'allégeance.
Puisque "leur reine et dame le reconnaissait comme seigneur", Navarrais
et Béarnais doivent faire de même, estime-t-il. Mais les farouches
Pyrénéens n'entendent pas se lier à ce prince trop proche
du roi de France. Attachés à leur indépendance, ils redoutent
que, si Jeanne vient à disparaître, la Navarre ne soit annexée.
On s'accorde finalement sur un compromis : le 18 août, Jeanne et Antoine,
sonsidérés comme co-souverains, prêtent ensemble les serments
solennels d'intronisation. La crainte des Béarnais n'est pas infondée.
Henri II rêve de mettre la main sur leurs Etats et a même proposé
à Antoine d'échanger le Béarn contre quelques domaines
plus proches des terres de Bourbon, comme si celui-ci pouvait en disposer à
sa guise. Après avoir essuyé un refus, le roi de France a
tenté de s'emparer de la citadelle de Navarrenx. L'expédition
a échoué, et les bonnes relations se sont rétablies. Henri
II donne à Antoine de Bourbon les charges de son défunt beau-père,
celles de gouverneur et d'amiral de Guyenne, en échange de son gouvernement
de Picardie. Pendant que Jeanne séjourne à Pau, elle a sans doute
laissé le petit Henri à la garde de Suzanne Bourbon Busset. Après
avoir accouché à Nérac de Madeleine, une petite fille qui
ne vivra pas, elle s'avise qu'il est temps de présenter son fils aîné
à la Cour de France. Le petit prince héritier va commencer à
faire l'apprentissage de ses obligations dynastiques.
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