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HENRI DE NAVARRE S'ENFUIT
DE LA COUR
Pendant près de quatre
ans, depuis le massacre de la Saint-Barthélemy, Henri de Navarre est resté
prisonnier à la Cour. Otage de Catherine de Médicis, il a vécu au Louvre,
affichant une indifférence enjouée et un désintérêt pour les affaires du
royaume. Mais il est désormais temps pour l'héritier des Bourbons de tenir son
rang et d'influer de façon décisive sur le cours des événements. Si le futur
Henri IV s'enfuit, c'est pour rejoindre les siens et prendre la tête du parti
huguenot.
Monsieur, duc
d'Alençon, a fui la Cour le
15 septembre 1575, laissant Henri de
Navarre, son beau-frère et allié,
aux mains de Catherine de
Médicis et d'Henri III. Depuis
lors, ses partisans, les catholiques
modérés, se sont rapprochés
des protestants. La
présence du frère du roi, héritier
du trône, à la tête des
coalisés, oblige Catherine de Médicis à négocier. Le duc
dicte ses conditions et, en novembre 1575, une trêve est conclue. Henri de
Navarre sait désormais qu'il doit rejoindre cette coalition s'il veut jouer un
rôle de premier plan.
Mais comment s'échapper de la Cour? Henri de Navarre, depuis la fuite de
Monsieur, est surveillé encore plus étroitement par les gardes les plus sûrs
de Catherine de Médicis et l'élite de son "escadron volant",
en la personne de Madame de Sauve. Ce dispositif semble impossible à déjouer.
Pendant les semaines qui précèdent son évasion, Henri de Navarre sème le doute
en laissant croire à son éventuel départ. Le 1er février 1576, il fait mine
de disparaître. La Cour s'inquiète. On jure que le Béarnais a rejoint la
coalition. Mais, le lendemain, on le voit surgir, la mine réjouie, botté comme
s'il revenait de la chasse. A Henri III, il souligne l'indignité de ces rumeurs
et assure qu'il ne s'éloignera jamais de Sa Majesté.
Le soir même, pourtant, le Béarnais prépare activement sa fuite. Pour
détourner l'attention, il se rend chez le duc de Guise, en son hôtel du
Marais. L'entretien terminé, le Balafré va rendre compte au roi. Il est
certain qu'Henri de Navarre veut rester à la Cour. Le 3 février 1576, Navarre
fait dire qu'il va chasser en forêt, au nord de Senlis. C'est là son habitude.
Accompagné du lieutenant et du capitaine des gardes, espions de la reine-mère,
il courre le cerf. Le lendemain matin, il écarte les deux sbires, les chargeant de
porter un billet au roi, dans lequel il explique qu'il ne supporte plus les
bassesses de la Cour et préfère donc quitter Paris. Henri III s'incline. Le
Béarnais et ses compagnons traversent la forêt de Montmorency. Le 5 février,
ils franchissent la Seine et galopent vers l'Ouest. Henri de Navarre est enfin
libre et peut rejoindre les siens.
Pendant les trois mois
suivants, le roi de Navarre donne l'impression de ne pas vouloir rejoindre le
camp protestant, il tergiverse. Son hésitation ne sera que de courte durée. L'arrivée
de sa soeur Catherine semble lui rendre foi en la victoire. Tout en galopant
vers ses amis, Henri songe au destin du royaume de France. Le roi Henri III n'a
toujours pas de descendant et sa santé est précaire. Monsieur, son frère,
héritier du trône, ne va guère mieux. Henri de Navarre est certain dès lors
que son avenir est en route.
Le Béarnais rejoint l'armée des Princes, près de 30 000 hommes réunis par
son cousin, le prince Henri de Condé, et François d'Alençon. Le roi ne peut
s'opposer à une telle force. Aussi, comme l'armée des Princes se trouve à Sens,
Henri III mande à Catherine de Médicis d'engager des pourparlers. La
négociation s'annonce difficile. Cependant, las de la guerre, catholiques et
protestants ne veulent pas que ces discussions s'éternisent. Le 6 mai 1576, on
signe l'édit de pacification de Beaulieu-lès-Loches, dit "paix
de Monsieur". Les conditions en sont très favorables pour les
huguenots. Les victimes de la Saint-Barthélemy sont réhabilitées, le culte
protestant est autorisé dans les villes, excepté à Paris, les huguenots se
voient octroyer huit places de sûreté. Condé obtient le gouvernement de Picardie,
Navarre celui de Guyenne et 600 000 livres de dédommagement. Alençon, quant à
lui, accroît son apanage, avec la place de la Charité, le Maine, l'Anjou, la
Touraine et le Berry, et prend le titre de duc d'Anjou.
L'édit de Beaulieu va modifier les rapports de forces entre les partis. Le duc
d'Anjou, comblé de faveurs, revient naturellement vers Henri III. Henri de
Navarre devient à cet instant le chef légitime du parti huguenot.
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