LES BOURBONS
LOUIS XIII, CHEF D'ETAT |
ANNE D'AUTRICHE ET L'AFFAIRE DES "LETTRES
ESPAGNOLES" Entraînée par ses amies et confidentes, au premier rang desquelles figure la duchesse de Chevreuse, grande comploteuse, Anne d'Autriche s'est laissé à entretenir des relations épistolaires avec l'Espagne, ennemie de la France. En août 1637, cette correspondance a pris une telle ampleur que le cardinal de Richelieu va user de toute son influence pour obliger la reine à passer aux aveux et à cesser de nuire à la politique de Louis XIII. La reine Anne d'Autriche aime se retirer au couvent du Val de Grâce, où elle trouve le cadre et le calme propices à la prière et à la méditation. Elle y trouve aussi, grâce à la mère supérieure, une atmosphère de discrétion qui lui permet d'écrire tranquillement; par exemple à son frère le roi d'Espagne Philippe IV, au Premier Ministre espagnol le comte duc Olivarès, à l'ambassadeur d'Espagne le marquis de Mirabel, au duc Charles de Lorraine et aussi à sa chère amie la duchesse de Chevreuse, exilée en Touraine. Elle correspond avec eux, tous ennemis du roi, car, comme le parti dévot pour lequel elle penche, elle est opposée à une alliance de la France avec l'Angleterre et les protestants allemands contre les Habsbourg catholiques, sa famille. Pour Anne d'Autriche, les affaires personnelles
et diplomatiques sont étroitement mêlées. Si elle craint un rapprochement entre
la France et l'Angleterre, c'est qu'elle redoute que ses lettres, qui transitent
par les ambassades d'Angleterre à Paris et à Bruxelles, ne puissent plus parvenir
en Espagne. Dans ses missives, elle se laisse aller à sa haine pour le cardinal
de Richelieu : elle communique tous les "secrets" diplomatiques et
militaires qui lui tombent sous la main avec l'espoir de voir se dresser les
ennemis du royaume. A vrai dire, ses actvités ne présentent aucun danger réel,
mais l'intention de nuire est indéniable. Richelieu, parfaitement au courant
de cette correspondance, décide d'y mettre fin car, prenant de plus en plus
d'ampleur, elle devient difficile à dissimuler. Anne d'Autriche va au-devant du cardinal
pour connaître la raison de l'arrestation de son valet. Elle lui fait dire par
son secrétaire qu'elle a seulement voulu rester en relation avec Madame de Chevreuse,
mais qu'elle n'a écrit ni en Espagne ni au Pays Bas. Richelieu a de bonnes raisons
de n'être pas convaincu, et laisse entendre qu'il en sait long sur ses agissements. Page MAJ ou créée le 2002 |