LES BOURBONS
LOUIS XIII, LES PERSONNALITES
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L'IMPOPULAIRE "MINISTERE CONCINI" Le 25 novembre 1616, le Conseil est remanié : les vieux ministres d'Henri IV sont remplacés par des hommes inféodés à Concino Concini. Mais, alors qu'il est au sommet de sa puissance et qu'il a la haute main sur le Gouvernement, l'Italien n'a jamais été aussi impopulaire. Premier gentilhomme de la Chambre, marquis
d'Ancre, maréchal de France et titulaire de maintes charges honorifiques, Concino
Concini, qu'on appelle plus désormais que le maréchal d'Ancre, est devenu l'un
des plus hauts personnages du royaume. Tandis qu'il affiche sa puissance avec
morgue, son épouse, Leonora Galigaï, règne sur les volontés de la reine-mère
Marie de Médicis, accumule privilèges et gratifications. Sa fulgurante ascension vaut à Concini des
haines tenaces, en particulier de la part des princes du sang, qui s'indignent
qu'un parvenu étranger tienne les rênes de l'Etat, un rôle dont ils considèrent
qu'il doit leur revenir de droit! Cependant, face à la révolte et à la rébellion
des Grands, l'Italien agit en fidèle serviteur de l'Etat, au mieux des intérêts
du jeune Louis XIII; ce qui ne fait que raviver l'hostilité à son égard. Contre
la régente et sa créature, les princes entrent en dissidence, prennent les armes,
ourdissent conjurations et complots. Le 1er septembre 1616, Henri II de Bourbon,
prince de Condé, est arrêté au Louvre et emprisonné pour avoir voulu écarter
la reine-mère du pouvoir. De nouveau la révolte nobiliaire gronde et rallume
les feux de la guerre civile. Ce remaniement fait presque figure de coup d'Etat et soulève l'indignation des Parisiens. Rue de Tournon, l'hôtel particulier de Leonora Galigaï est pillé, deux domestiques y sont massacrés. Alors qu'il est plus impopulaire que jamais, qu'il est accusé de dilapider les deniers de l'Etat pour son propre compte, Concini abandonne toute prudence et laisse libre cours à son ambition dévorante : désormais, il convoite l'épée de connétable, c'est à dire le commandement en chef de toutes les armées du royaume. Si bien que l'agitation des Grands reprend. Tous se targuent de vouloir libérer le jeune roi "de la conjuration et tyrannie du maréchal d'Ancre et de ses adhérents". Tandis qu'ils vont jusqu'à chercher des appuis à l'étranger, le Gouvernement réagit avec énergie, n'hésite pas à recourir à la force et à faire intervenir l'armée. Le 31 janvier 1617, le duc Charles de Nevers publie un manifeste contre la "tyrannie" de Concini. Trois jours plus tard, les ducs César de Vendôme et Henri de Mayenne renchérissent dans des publications similaires. "La tyrannie de l'autorité du gouvernement du maréchal d'Ancre (...) était si grande qu'aucun des Grands ne put le supporter (...). Il était toujours en dessein de chasser et congédier le reste du Conseil et les secrétaires d'Etat qui ne dépendaient pas entièrement de lui, de faire changer les officiers des cours souveraines, d'ôter ceux qui étaient près de la personne du roi (...). Toutes personnes de toutes qualités lui voulaient du mal et le haïssaient", relate le secrétaire d'Etat Paul de Pontchartrain dans ses Mémoires. Face à une telle opposition, Concini espère-t-il gouverner en toute impunité? Sans même que Louis XIII ait son mot à dire? Page MAJ ou créée le 2002 |