LES BOURBONS
LOUIS XIII, LES PERSONNALITES
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L'OEUVRE DES ENFANTS TROUVES Dès le début de l'année 1638, Vincent de Paul prend fait et cause pour les enfants abandonnés, qui, s'ils ont la chance de survivre, sont victimes d'un ignoble trafic. Sans jamais se décourager ni renoncer, il va faire appel aux bonnes volontés et à la générosité des privilégiés. Malgré bien des difficultés, il réussira à mettre sur pied la nouvelle oeuvre charitable des Enfants trouvés. A Paris, au coin des rues, aux portes des églises, chaque
année quelque cinq cents enfants sont abandonnés par des mères trop pauvres.
Ces nouveau-nés sont promis à un sort terrible : "On
les vendait huit sols pièce à des gueux, qui leur rompaient bras et jambes pour
exciter le monde à leur donner l'aumône, et les laissaient mourir de faim",
s'épouvante Vincent de Paul. Les "petites créatures" victimes de ce
trafic sont aussi parfois achetées par des femmes stériles qui, souvent, les
rejettent ensuite. On parle également de "magiciens" qui pratiquent
des sacrifices humains lors de messes noires... Apparue pour la première fois dans sa correspondance , le 1er janvier 1638, la cause des enfants trouvés va obséder Vincent de Paul : comment peut-il accepter la souffrance de ces innocents qui, de surcroît, meurent sans avoir été baptisés? Afin de mettre sur pied l'oeuvre des Enfants trouvés, il fait appel aux dames de la Confrérie de Charité, une institution qu'il a fondée en décembre 1617 et regroupe les plus grands noms du royaume. Mais malgré leur bonne volonté, princesses et duchesses sont débordées par l'ampleur de la tâche et peinent à recruter des nourrices. "L'on fut d'avis, à la dernière assemblée, écrit Monsieur Vincent à Louise de Marillac, sa principale collaboratrice, que vous seriez priée de faire un essai des enfants trouvés, s'il y aura moyen de les nourrir de lait de vache et d'en prendre deux ou trois à cet effet", mais l'emploi du lait de vache ou de chèvre provoque de nombreux décès. Les jeunes campagnardes des Filles de la Charité, autre institution fondée par Vincent de Paul en décembre 1633, sont également mises à contribution. Mais le résultat reste peu probant; ce qui suscite notamment l'indignation de Sébastien Hardy, ancien receveur des aides et tailles, donataire d'une rente de cinquante livres : "Il me rend coupable de tout le retardement", regrette Monsieur Vincent, qui déplore que "les enfants continuent de mourir". Deux ans plus tard, l'oeuvre piétine, alors qu'elle recueille
toujours de nombreux bébés. Elle ne dispose que d'un revenu de mille
deux cents livres
par an, quand la moitié de cette somme serait nécessaire à un bon entretien
de seulement six enfants. Avec la force de persuasion qui caractérise ses sermons,
Vincent de Paul rappelle aux dames de Charité que Moïse était un enfant trouvé.
Il explique aux Filles de Charité que le Christ leur fait l'honneur de les considérer
comme des mères : à l'exemple de la Vierge, elles se voient confier des enfants
qu'elles n'ont pas conçus. "Pour avoir servi ces petits
enfants abandonnés du monde, que recevrez-vous? Dieu pour l'éternité",
affirme-t-il. Page MAJ ou créée le 2003 |