LES BOURBONS
LOUIS XIII, SA VIE
|
REGENTE DU ROYAUME Le jour même de l'assassinat d'Henri IV, la régence est confiée à la reine-mère Marie de Médicis. Le lendemain, 15 mai 1610, cette décision prise par arrêt du Parlement de Paris va être confirmée et légitimée lors du lit de justice tenu par le jeune Louis XIII devant l'assemblée des Grands du royaume et des magistrats. Alors qu'il s'apprêtait à partir pour la guerre, Henri IV s'était résolu, pendant son absence, à confier la régence à la reine Marie de Médicis, qui, assistée d'un Conseil de quinze membres, n'aurait cependant pas eu voix prépondérante. Mais, l'assassinat du roi, le 14 mai 1610, va bouleverser le cours des événements et rendre ces dispositions caduques. Quelques heures après la mort du souverain, ses ministres, le chancelier Nicolas Brûlart de Sillery, premier officier de la Couronne, Nicolas de Villeroi, secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères, et le magistrat Pierre Jeannin accourent auprès de Marie de Médicis. En l'absence de testament, il faut agir vite et pourvoir à la régence, puisque le nouveau roi, Louis XIII, n'a pas encore neuf ans. Les ministres craignent la révolte des Grands et le retour à la guerre civile. Or, afin de préparer les festivités qui doivent suivre le sacre de Marie de Médicis, célébré la veille à Reims, le Parlement est réuni en séance... Le duc Jean Louis d'Epernon, colonel de l'infanterie, est envoyé auprès des magistrats, qu'il convainc de voter à l'unanimité un arrêt proclamant la mère du jeune roi "régente en France, pour avoir l'administration des affaires du royaume pendant le bas âge du seigneur son fils, avec toute puissance et autorité". Mais, tribunal de grande instance et chambre d'enregistrement des édits royaux, le Parlement n'est pas habilité à prendre une telle décision. Aussi est-il indispensable de confirmer et de légitimer l'arrêt de régence. Pour ce faire, Marie de Médicis ordonne aux magistrats de rester en séance et annonce que, le lendemain, son fils tiendra un lit de justice. Le 15 mai, tôt le matin, après la messe, Louis XIII se rend au couvent des Grands Augustins, où sont réunis les Grands du royaume, laïcs et ecclésiastiques, et les parlementaires. "Je désire qu'en la conduite de ses affaires, il (Louis XIII) suive vos bons conseils; je vous prie de les lui donner tels qu'aviserez en vos consciences", déclare brièvement la reine-mère. Puis elle fait mine de se retirer, mais se laisse convaincre de rester. Le petit roi, encore bouleversé par la mort de son père, prend ensuite la parole. D'une voix hésitante, étouffée, il récite un texte appris par coeur : "Messieurs, il a plu à Dieu d'appeler à soi notre bon roi, mon seigneur et père. Je suis demeuré votre roi, comme son fils, par les lois du royaume. J'espère que Dieu me fera la grâce d'imiter ses vertus et de suivre les bons conseils de mes bons serviteurs. Monsieur le Chancelier vous dira le reste". Après que le chancelier Sillery et le président
du Parlement Achille de Harlay se sont répandus en flatteries envers la reine-mère, nul dans l'assistance ne s'oppose à l'arrêt de régence rendu la veille.
"Le roi séant en son lit de justice,
par l'avis des princes de son sang, autres princes, prélats, ducs et pairs et
officiers de sa Couronne (...) a déclaré et déclare la reine sa mère régente
en France, pour avoir soin de l'éducation et nourriture de sa personne et l'administration
des affaires de son royaume pendant son bas âge",
proclame le Chancelier. Il n'est plus question de Conseil. Par la "volonté"
du nouveau roi, Marie de Médicis a pleine et entière autorité sur le Gouvernement. Page MAJ ou créée le 2002 |