MARIE DE HAUTEFORT
Au cours de l'été 1630, Louis XIII se prend
de passion pour Marie de Hautefort, l'une des filles d'honneur de Marie de Médicis.
Tandis que le roi lui voue un amour immense, mais qui restera toujours platonique,
la jeune fille va devenir la meilleure amie de la reine Anne d'Autriche.
Née en 1616, Marie de Hautefort, que les
poètes surnomment "divine Aurore", a quitté le château familial du
Périgord à l'âge de douze ans. Blonde aux yeux bleus, elle est entrée au service
de la reine-mère Marie de Médicis et a été remarquée par Louis XIII au cours
de l'été 1630. Le roi est ébloui par cette femme-enfant de près de quinze ans sa
cadette, qui éveille en lui une vive passion. Lorsque sa mère est écartée de
la Cour, à la fin de l'année, il refuse de renoncer à la jeune fille, qu'il
fait nommer dame d'atours de la reine Anne d'Autriche. Rayonnante et spirituelle,
Marie de Hautefort séduit toute la Cour : "On
ne parle que de sa beauté; tout le monde veut avoir son portrait",
rapporte la marquise de Mortemart.
Anne d'Autriche est hostile à cette rivale
qui vient de faire un sort aux rumeurs selon lesquelles Louis XIII serait insensible
au beau sexe. Cependant elle se lie bientôt d'amitié avec la favorite, qui s'attache
bien plus à elle qu'à son époux. Sa Majesté a beau donner des fêtes fastueuses
en l'honneur de mademoiselle de Hautefort, son amour reste platonique. Il se
plaît à converser aimablement avec sa mie, à l'emmener observer les oiseaux.
Il lui dédie des poèmes : "Les grâces
que Lysis possède / Sont des blessures sans remède, / Jamais l'amour n'en fut
guéri..." Mais, pudibond à l'extrême, le roi préfère
utiliser une pince plutôt que de plonger sa main dans le décolleté de la dame
pour y récupérer un billet! Marie de Hautefort n'est pas seulement belle.
Fière, altière et coléreuse, elle est également prompte à la raillerie. Certes,
l'amour de Louis XIII la flatte. Mais elle ne se prive pas de rudoyer le souverain,
l'affublant, quand il lui a déplu, du sobriquet de "la créature". Pourtant,
Sa Majesté ne lui en tient pas rigueur; et fait montre d'une grande jalousie
à l'égard de ceux qui la courtisent, tels le prince François de Marcillac, le
futur duc de La Rochefoucauld, ou qui la demande en mariage, comme les ducs
de Ventadour et d'Angoulême. Prudente, Marie se montre toujours vertueuse
et reste fidèle... à la reine. Le cardinal de Richelieu aimerait la voir remplacée
par une jeune personne plus docile, qui espionnerait pour son compte. Car, à
l'instar d'Anne d'Autriche dont elle est la confidente, la jeune femme s'indigne
de la politique du ministre de Louis XIII, qui, au nom de la raison d'Etat,
conclut des alliances avec les pays protestants contre l'Espagne catholique.
En 1635, le cardinal a brièvement réussi
à écarter Marie de Hautefort au profit de la douce Louise de La Fayette. Mais
il lui faut attendre 1639 pour parvenir à ses fins et imposer l'un de ses protégés,
Henri Coiffier de Ruzé d'Effiat, marquis de Cinq Mars, un jeune homme de seize
ans pour qui le roi se prend d'amitié. En novembre, sans doute aussi lassé des
rebuffades, Louis XIII congédie Marie sans ménagement; au grand dam de la reine,
qui perd sa meilleure amie. Retirée au Mans, Marie de Hautefort ne revient
à la Cour qu'en 1643. Trois jours après la mort de Louis XIII, le 14 mai, elle
est rappelée par Anne d'Autriche. Mais les temps ont changé : la reine est désormais
régente et exerce les pleins pouvoirs. Mademoiselle de Hautefort critique le
soutien apporté par la reine au cardinal-ministre Mazarin, qui mène la même
détestable politique que Richelieu. Non seulement elle désapprouve son amie,
mais elle va jusqu'à la blâmer publiquement. Ce qui ne manque pas d'offenser
Anne d'Autriche et de provoquer la méfiance de Mazarin. En 1644, pour avoir
intrigué contre la reine et son ministre, Marie de Hautefort doit quitter la
Cour pour le couvent parisien de Filles de Sainte Marie, rue Saint Antoine.
Elle songe à se retirer du monde, mais préfère accepter la demande en mariage
d'un de ses prétendants. Le 24 septembre 1646, à trente ans, elle épouse Charles
de Schomberg, duc d'Halluin, maréchal de France, gouverneur de Verdun et de
Metz, où elle vivra quelque dix ans.
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Page MAJ ou créée le 2002
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