LES BOURBONS
LOUIS XIV, CHEF DE GUERRE |
A TURCKHEIM, TURENNE MET LES IMPERIAUX EN DEROUTE Le prince Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne et maréchal général des armées de Louis XIV, a déjà, derrière lui, une brillante carrière militaire. Lors de la guerre de Hollande, ce vétéran de soixante quatre ans, aussi déterminé que courageux, va permettre à la France de s'imposer. Début janvier 1675, il tente une manoeuvre d'une audace inouïe : la traversée des Vosges, dans le froid et la neige, pour chasser totalement les Impériaux d'Alsace. Depuis le début de l'automne 1674, la guerre de Hollande a pris un nouveau tour grâce à l'intervention du maréchal de Turenne qui, lors de la campagne d'Alsace, a conduit les troupes du Roi Soleil de victoire en victoire. Mais, à la mi-octobre, les Impériaux ont reçu le renfort de la puissante armée de l'Electorat de Brandebourg et disposent désormais d'un effectif de cinquante mille hommes, bien supérieur à celui des Français. Le 29 novembre, les forces royales ont même été contraintes de passer les Vosges pour se replier en Lorraine, d'évacuer l'Alsace et de laisser l'ennemi s'y installer. Pourtant, Turenne n'a pas dit son dernier mot. Il est fermement décidé à rentrer en Alsace et à prendre sa revanche. Pas question de permettre aux Impériaux
de prendre tranquillement leurs quartiers d'hiver. Suffisamment sûr de
lui et de ses hommes pour se lancer dans l'audacieuse manoeuvre qu'il a en tête,
le vieux maréchal de soixante quatre ans écrit au Secrétaire d'Etat
à la Guerre, Michel le Tellier, pour lui exposer son plan de bataille.
"Je repasserai avec les troupes par
La Petite Pierre pour ensuite, si l'ennemi marche dans la Haute Alsace, y aller
par la montagne de Lorraine ou par Belfort". Se lancer
dans une campagne dont l'issue peut être décisive, dans le
froid et la neige, est contraire à tous les usages militaires du temps.
En cas d'échec, l'Alsace tomberait aux mains de l'ennemi et Louis XIV
est plus que réticent devant un plan qui lui semble fort périlleux.
Finalement, le roi se rend aux arguments de Le Tellier et, le 8 décembre,
autorise Turenne à mettre son projet à exécution. Le maréchal
profite alors de l'inaction des Impériaux pour remettre en état
les routes et les chemins qui traversent les Vosges. Pendant ce temps, Louis
XIV, soutenant qu'il "ne faut pas qu'il y ait un homme de guerre en repos
en France tant qu'il y aura un Allemand en deçà du Rhin, en Alsace",
lui envoie des renforts. En brillant tacticien, Turenne laisse vingt mille hommes à son neveu, le maréchal duc de Lorges, et en prend
treize mille sous son commandement. Avec une colonne d'infanterie et quelques escadrons
de cavalerie, il va tenter une manoeuvre de flanc. Espérant prendre l'ennemi
à revers et pouvoir l'attaquer simultanément sur deux fronts,
il ordonne le contournement de Turckheim par les chemins, quasiment impraticables,
de la montagne vosgienne. Page MAJ ou créée le 2001 |