L'INTERVENTION DECISIVE DE LA CAVALERIE FRANCAISE
En cet été 1693, la guerre
de la Ligue d'Augsbourg, qui fait rage depuis près de cinq longues années,
n'a pas encore désigné son vainqueur. A Neerwinden, les troupes
de Louis XIV, commandées par le duc de Luxembourg, sont prêtes
à lancer l'offensive contre l'armée de Guillaume III d'Orange.
Après le succès de l'amiral de Tourville au large de Lagos, le
27 juin, Louis XIV juge indispensable une victoire sur terre, qui lui donnerait
l'avantage et porterait un coup sévère au moral de l'ennemi.
Les pions sont en place, la partie peut
débuter. Le maréchal duc de Luxembourg, à la tête
de l'armée du Roi Soleil, sait qu'il va devoir passer à l'attaque.
Guillaume III d'Orange, stathouder de Hollande, roi d'Angleterre, a fait donner
les premiers coups de semonce. Mais
l'ennemi, resté sur ses positions, attend que les troupes françaises
s'avancent pour les prendre à la gorge. Luxembourg, en fin tacticien,
a mûrement réfléchi son plan de bataille, alors que l'adversaire
s'est retranché dans deux villages sur les hauteurs et que ses hommes
se sont tant bien que mal déployés dans la plaine en contrebas.
Le prince de Conti attaquera, avec "beaucoup
d'infanterie, le village de notre droite, nommé Neerlanden",
relate Saint Simon dans ses Mémoires. Simultanément, le lieutenant
général Gaston de Mornay, comte de Montchevreuil, attaquera, sous
les ordres du maréchal de Joyeuse, "le
village de notre gauche appelé Neerwinden, qui donna le nom à
la bataille".
Sitôt lancé, l'"marcher
les régiments des gardes française et suisse par derrière
la cavalerie"assaut se révèle
sanglant. Montchevreuil, tué dès le début des hostilités,
est remplacé par le lieutenant général de Rubentel et par
le duc de Berwick. "Ces deux attaques,
à la droite et à la gauche, furent vivement repoussées,
et, sans le prince de Conti, le désordre aurait été fort
grand à celle de la droite. Monsieur de Luxembourg, voyant l'infanterie
presque rebutée, fait avancer toute la cavalerie au petit trot.
Le maréchal espère ainsi par un mouvement général
et audacieux de cette cavalerie, faire abandonner ses retranchements"
à l'ennemi. Mais Guillaume d'Orange a percé à
jour sa stratégie, ordonne à son infanterie de laisser
"approcher la cavalerie plus près
que la portée du pistolet" et fait envoyer
"une décharge si à propos,
que les chevaux tournèrent bride et retournèrent plus vite qu'ils
n'étaient venus". La même manoeuvre
est répétée sans plus de succès que la première
fois. Le combat est bien mal engagé. Face à ces deux villages
fortifiés en apparence imprenables, le maréchal ne s'avoue pas
vaincu et a recours à une nouvelle tactique, qu'il espère plus
payante. Voyant que l'attaque frontale est inopérante, Luxembourg
donne l'ordre à ses cavaliers d'avancer "un
peu plus loin dans une espèce de petit fond où le canon ne pouvait
les incommoder de volée". Puis il fait , afin qu'ils puissent s'infiltrer "dans
ces retranchements qu'on pouvait à peine escalader à pied".
Le prince de Conti à leur tête,
ces régiments réussissent à s'emparer de quelques jardins
et maisons de Neerwinden. Les lignes de l'ennemi ont enfin cédé.
Sous la pression de la cavalerie et de l'infanterie françaises, les troupes
de Guillaume d'Orange doivent se résoudre à se replier "dans
le retranchement du front et à abandonner le village".
C'est une première victoire pour le duc de Luxembourg. Ce succès,
qui en appelle d'autres, regonfle le moral des troupes du Roi Soleil. L'adversaire,
auquel un coup décisif vient d'être porté, décide
à son tour de faire intervenir sa cavalerie, "qui
n'avait point encore paru", restant retranchée
derrière ses lignes. Lorsqu'ils surgissent sur le champ de bataille,
les cavaliers ennemis ont eu le temps de se mettre en bon ordre. A l'inverse,
les Français, qui ont dû traverser le village de Neerwinden, sont
complètement désorganisés. Les gardes du prince d'Orange,
ceux de son allié Charles Henri de Lorraine, prince de Vaudémont,
et deux régiments anglais parviennent à faire plier et à
repousser l'élite des cavaliers de Louis XIV. Mais le succès de
la manoeuvre est sans suite. Après s'être regroupés, les
hommes commandés par le duc de Chartres, le futur Régent de France,
reviennent cinq fois à la charge. Malgré "une
vigoureuse résistance", ils avancent bravement
et repoussent la cavalerie adverse jusquà la Geete, petite rivière,
"dans laquelle elle se précipita,
et où un nombre infini fut noyé". Tout
comme à Steinkerque, le 3 août de l'année précédente,
c'est à l'issue d'un combat acharné et indécis que la victoire
se dessine enfin pour la France.
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Page MAJ ou créée le 1999
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