LES TRAITES DE LA HAYE : UNE COALTION CONTRE LA
FRANCE (30 août 1673)
L'Empire et l'Espagne sont tout près
de s'engager ouvertement aux côtés des Provinces Unies. Leur alliance
contre le royaume de France va être scellée par les traités
de La Haye, signés le 30 août 1673. A ce tournant décisif
de la guerre de Hollande, Louis XIV se trouve isolé face à une
coalition réunissant une bonne partie de l'Europe.
Le 30 juin 1673, Louis XIV a remporté
une glorieuse victoire en s'emparant de Maastricht. "Vous
n'aurez pas été fâché d'apprendre la prise de
Maastricht. J'ai pris beaucoup de peine à ce siège, mais ma peine
est bien récompensée" a-t-il écrit
à son ministre Colbert. Mais, depuis quelques mois, le stathouder de
Hollande Guillaume d'Orange est parvenu à renverser la situation à
son profit, en particulier sur le plan diplomatique. Louis XIV sait ses alliances
fragiles et a dû se rendre à l'évidence : la Hollande est
un adversaire plus coriace qu'il ne l'escomptait, et elle va tout faire pour
bouleverser les rapports de France en Europe. Quant à la guerre, elle
ne s'annonce pas aussi rapide et victorieuse qu'il l'avait espéré. Aussi
a-t-il accepté la suggestion de la Suède de trouver un terrain
d'entente et de participer au congrès de paix qui s'est ouvert le 18
juin à Cologne.
Louis XIV a ordonné à ses
plénipotentiaires de négocier la paix la plus avantageuse possible
pour son royaume. Mais la Hollande ne consent à céder à
la France que Maastricht et deux autres villes, qui devront en outre être
remises à l'Espagne en échange des cités de l'Artois. Le
roi très chrétien, jugeant cette offre insultante, les négociations
sont donc dans l'impasse. Si la Hollande se montre tellement sûre d'elle
face à une armée française infiniment supérieure
en nombre, c'est parce qu'elle a su convaincre l'Espagne de se rallier à
son parti. Dès le mois de juin, les Espagnols ont promis de lui envoyer
des renforts, si elle parvient à résister aux assauts des troupes
de Louis XIV jusqu'en septembre : le temps de négocier un appui militaire
de l'Empire. Le 28 août, dans un mémoire à la Diète,
l'Empereur Léopold 1er, souligne "le
danger auquel la nation allemande et l'Empire sont exposés et dont ils
sont menacés toujours de plus en plus par les étrangers".
Il accuse la France de tous les maux et en particulier de refuser à la
Chrétienté "une paix
qui soit ferme et universelle". Ses arguments font
mouche : le roi Frédéric IV de Danemark et plusieurs princes allemands,
inquiets de la présence des troupes françaises en Rhénanie,
acceptent de soutenir la Hollande. L'entente entre les adversaires de la France
est concrétisée le 30 août 1673 par la signature à
La Haye d'accords en bonne et due forme.
Un premier traité entérine
la promesse de Léopold 1er d'engager dans le conflit un effectif de trente
mille hommes. En contrepartie, la Hollande s'acquittera de cent
mille écus
d'avance et de versements mensuels de quarante cinq mille écus. Conformément
à un deuxième traité, l'Espagne s'engage à déclarer
la guerre à la France à condition que le congrès de Cologne
n'aboutisse pas à la paix. Le troisième traité offre à
Charles IV de Lorraine la restitution de son duché et le commandement
d'une armée de seize mille hommes. Malgré la menace que représente
cette puissante coalition, Louis XIV décide de poursuivre les opérations
militaires. Il envahit l'électorat de Trêves, resté neutre
jusque là, et, le 7 septembre, s'empare de la ville. La réaction
de l'adversaire ne se fait pas attendre. Le 14 septembre, Guillaume d'Orange
passe à l'attaque contre la position française de Naarden. Deux
jours plus tard, Léopold 1er déclare officiellement la guerre
à la France et congédie l'ambassadeur de Louis XIV en Autriche,
le commandeur de Grémonville. Tout espoir de paix s'est désormais
évanoui, et la guerre de Hollande prend un tour nouveau. La France est
d'autant plus isolée face à la coalition regroupant une bonne
partie de l'Europe que l'Angleterre, sa principale alliée, prend ouvertement
ses distances.
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