LES BOURBONS
LOUIS XIV, LES PERSONNALITES |
NICOLAS FOUQUET : L'HOMME LE PLUS RICHE DE FRANCE FAIT DE L'OMBRE AU ROI SOLEIL Né dans la soie, élevé dans l'or, le Surintendant des Finances Nicolas Fouquet apparaît à la mort de Mazarin comme l'homme le plus puissant de France. Ce virtuose prestidigitateur a toujours trouvé les moyens de financer l'interminable guerre contre l'Espagne. Les nobles enragent de subir la réussite de ces roturiers qui, comme Fouquet, semblent gouverner à la place du roi, et à la leur. Malgré ces rumeurs, Fouquet continue sa vertigineuse ascension. Il a tout pour réussir le jeune Nicolas Fouquet qui devient conseiller du roi à l'âge de seize ans. D'excellente famille bourgeoise d'Angers, les Fouquet sont montés à Paris avec le grand-père, négociant en soie et laine. En une génération, ils réussissent leur percée. Le père de Nicolas devient le bras droit du célèbre Sully. Fidèle à Louis XIII pendant les troubles (tout comme son fils restera loyal envers le jeune roi pendant la révolte de la Fronde) la famille a le sens de l'honneur aussi affûté que celui des affaires. Maître des Requêtes à vingt ans, Nicolas sert Richelieu, puis Mazarin. Trop près des ministres et pas assez du roi? L'avenir l'éclairera plus tard. En 1650, il achète la charge de procureur général. Trois ans plus tard il est surintendant des Finances et fait merveille pour dénicher l'or pour la guerre contre l'Espagne. Les recettes fiscales basées sur les produits de consommation comme le sel, vont passer de trois millions de livres à vingt sept. La royauté a consommé beaucoup de
financiers et certains ont fini en exil comme Jacques Coeur, à la potence comme
Semblançay, d'autres comme Vieuville ont racheté leur liberté. Certains sont morts à
temps, comme Mazarin. Dans l'ombre du richissime cardinal arrivé sans un liard, Fouquet
est bien l'écureuil "insouciant" que porte son blason. Il devient marquis de
Belle-Ile, un des gros (et rares) armateurs du royaume. On dit que l'écureuil oublie ses
réserves. Lui les dispense, l'argent lui file entre les doigts. C'est lui qui lance
Molière, l'architecte Le Vau, le jardinier Le Nôtre. Ce financier n'est pas comptable,
c'est un Mécène. Mais le modèle original, le romain Mécène, fonctionnait dans l'ombre
d'Auguste alors que l'agile Fouquet fait plutôt de l'ombre au Roi Soleil. Ami des
poètes, des musiciens, adoré ou/et jalousé, il est l'indispensable homme à la mode.
Aveuglé par son propre éclat, il risque d'être piégé par un ronchon jaloux, Colbert,
et surtout par ce jeune Roi qu'il traite sans doute trop en "adolescent attardé". Son frère, l'évêque Basile Fouquet, est membre très actif de la compagnie du Saint Sacrement qui veut rénover la religion catholique et réveiller sa spiritualité. Nicolas n'en fera jamais partie mais aidera toujours cette association pieuse, notamment en finançant les travaux d'aménagement de ce qui est aujourd'hui encore l'hôpital de la Salpétrière. Le 14 juillet 1659, Mazarin avait même amené le roi en personne sur le chantier où s'activaient seize mille ouvriers. Tout Paris vantait les mérites de Monsieur le Surintendant. A la mort de Mazarin, le 10 février 1661, Fouquet peut se croire le seul maître à bord de ce galion bourré d'or qu'il barre en virtuose. Mais dans l'ombre guette un reptile, la couleuvre d'azur qui orne le très récent blason des Colbert. On n'a jamais vu une couleuvre avaler un écureuil, même dans les fables que va inventer Monsieur de La Fontaine. Que la fête continue ! Mais le roi ébloui reste silencieux. L'écureuil est grimpé trop haut ! ! ! ! Page MAJ ou créée le 1999 |