LES BOURBONS
LOUIS XIV, LES PERSONNALITES
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TURENNE RECOIT LE BATON DE MARECHAL A trente et un ans, Henri de La tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, compte parmi la fine fleur des armées du roi. Depuis qu'il est entré au service de la France, en 1630, il s'est affirmé comme un courageux capitaine et s'est maintes fois distingué au feu. Après avoir longtemps espéré voir sa valeur militaire reconnue, Turenne va enfin recevoir le bâton de maréchal, le 16 novembre 1643. A la mort du cardinal de Richelieu, le 4 décembre 1642, Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, n'est pas très bien en cour, car Louis XIII ne l'aime guère. Certes, en 1630, le roi l'a appelé à son service et l'a envoyé secourir Casale. Dix ans plus tard, le valeureux capitaine s'est particulièrement distingué contre les Espagnols dans le Piémont, où il s'est emparé de Turin le 17 septembre 1640 et de Moncalvo; des hauts faits qui lui ont valu d'être nommé au grade de lieutenant général. Mais, aujourd'hui, Turenne montre trop d'ardeur à gravir les échelons de la hiérarchie militaire. Il a en outre le défaut d'être huguenot et d'avoir pour frère le turbulent duc de Bouillon, qui a été impliqué dans le complot de Cinq Mars en septembre 1642. Mais, six mois plus tard, le 14 mai 1643, le décès du roi laisse entrevoir au jeune officier proche de la reine Anne d'Autriche qui s'est vu confier la régence, un avenir meilleur. "Je crois que le temps viendra auquel on pourra être en quelque considération", confie-t-il dans une lettre à sa soeur. Deux semaines après la disparition du roi,
Turenne se voit confier un corps d'armée, et on l'envoie prêter main forte au
prince Thomas de Savoie, commandant en chef de l'armée d'Italie. Il a beau être
à la tête de neuf régiments, il ne trouve pas ce commandement très gratifiant
et déplore qu'on ne fasse pas meilleur usage de son génie militaire! Le retour à Paris se fait donc dans la
douleur. D'autant que les relations que Turenne entretient, sous couvert d'amitié,
avec Mazarin ne sont pas sans susciter quelques craintes de la part du puissant
ministre. Un émissaire du cardinal, le comte Bardo de Bardi de Magalotti, en
fait état à son maître dans une lettre datée du 11 août : Turenne "m'a
dit un jour que Votre Eminence le prenait pour une dupe et le faisait caresser
par la reine pour l'endormir. Il cherche à s'attirer des troupes et à se faire
des créatures. C'est un homme très secret et qui ne se fie à personne". Page MAJ ou créée le 2002 |