LES BOURBONS
LOUIS XIV, LES PERSONNALITES
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LA PALATIEN N'EPARGNE PERSONNE ... SURTOUT PAS MADAME DE MAINTENON Voilà près de trente ans que la princesse Palatine, l'épouse de Monsieur, le frère de Louis XIV, vit à la Cour. Dans ses nombreuses lettres à sa famille, elle relate les petites et les grandes péripéties du règne du Roi Soleil d'une plume acérée, ironique et implacable. Ses remarques, parfois excessives, valent pour tous. Madame n'épargne pesonne. Ni elle-même ni, surtout, Madame de Maintenon, l'épouse secrète de Sa Majesté! Depuis son arrivée à la Cour
du Roi Soleil, en 1671, la princesse Palatine a perdu nombre de ses illusions.
La jeune Allemande naïve qui a épousé Monsieur, le frère
du roi, a bien changé. Pourtant, elle a gardé toute sa spontanéité,
qu'elle exprime dans la correspondance suivie qu'elle entretient avec les siens.
Dans ses missives, elle cultive une ironie et un humour exceptionnels. A Versailles,
les mauvaises langues sont pléthore. Mais Madame leur tient la dragée
haute! Chacune de ses réparties fait mouche. D'autant qu'elle n'épargne
personne. A commencer par elle-même! Depuis que Madame de Maintenon est devenue
la dame d'atours de la dauphine en 1680, puis la favorite en titre et l'épouse
secrète de Louis XIV quelques années plus tard, la vie à
la Cour a perdu de son faste et de sa gaieté. Les fêtes et les
plaisirs ont peu à peu cédé le pas au recueillement et
à la prière, si chers à la très bigote marquise. Depuis qu'elle est entrée dans l'intimité du roi, la Marquise de Maintenon a imposé une stricte austérité à la Cour. Désormais, la morosité règne à Versailles. Le moraliste Jean de La Bruyère résume la situation : "Le courtisan autrefois avait ses cheveux, était en chausses et en pourpoint, portait de larges canons (cocardes de rubans), et il était libertin. Cela ne sied plus : il porte une perruque, l'habit serré, le bas noir, et il est dévot". Madame, elle, s'endort aux vêpres, abhorre les grandes messes, suit les processions imposées en affichant une mine accablée. Pour cette princesse élevée dans le protestantisme, ces dévotions ne sont que tartufferies. Son idée de la religion sont à mille lieues de celle de "la vieille". Cette "vieille" dont elle guette la moindre défaillance... Implacable, elle note : "Monsieur m'a dit une nouvelle hier, à savoir que la vieille est atteinte d'un cancer de la matrice. Quel bonheur ce serait, mais j'ai peine à le croire : souvent déjà j'ai remarqué qu'elle fait semblant d'être malade à la mort dès qu'elle craint que son homme ne lui échappe, afin de l'attendrir et de le ramener à elle et, sitôt que c'est fait, elle reparaît fraîche et bien portante". Ce discours amer est-il dû à la déception de se voir écartée de l'entourage du roi? Sans doute pas seulement. Car les observations mordantes de Madame concordent en tous points avec maints témoignages de l'attitude un brin hypocrite de madame de Maintenon. Page MAJ ou créée le 2001 |