LES BOURBONS
LOUIS XIV, LES PERSONNALITES
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LES "ORAISONS FUNEBRES" Bossuet, maître de l'éloquence, s'est fait connaître par ses sermons. Il excelle par ailleurs dans l'oraison funèbre, et il élève jusqu'à la perfection celles de hauts personnages. Poétiques et d'une éloquence souvent plus accessible que ses prêches, elles émeuvent sans tomber dans la grandiloquence, comme celle d'Henriette Marie de France, soeur de Louis XIII et reine d'Angleterre, prononcée le 16 novembre 1669 à la Visitation de Chaillot. Depuis toujours, la coutume veut que l'on prononce devant
le tombeau un discours évoquant la grande destinée du défunt.
Cet éloge de personnages importants de l'histoire a atteint des sommets
au IVème siècle avec les panégyriques de Saint Ambroise
ou de Saint Grégoire de Nazianze, puis a dégénéré
en une louange emphatique qui lui a ôté toute crédibilité
et tout intérêt littéraire. A partir du XVIIème siècle,
le genre va pratiquement s'identifier à Bossuet. En 1652, un prêcheur affirme que les caractères
principaux de l'oraison funèbre doivent être "l'ostentation,
le divertissement et la pompe". Prédicateur d'excellence
et influencé par Vincent de Paul, Bossuet va prendre le contre-pied de
cette définition et donner à ses discours une dignité nouvelle
en les apparentant à un enseignement religieux édifiant dont les
principales composantes sont les mêmes que celle de ses sermons Sur
la mort et Sur la Providence. Bossuet entend dans ces circonstances faire réfléchir
les hommes à leur condition de mortels afin de les ramener à Dieu
et aux Evangiles. Les onze oraisons funèbres qu'il composera répondront
invariablement à cette doctrine : dans son esprit, elles constituent
avant tout un moyen d'instruction et d'édification. Et, s'il doit pourtant
sacrifier à la tradition qui veut que l'oraison funèbre soit un
éloge, ce n'est pas sa préoccupation principale, ni la part la
plus importante de ses interventions au pied du catafalque de personnes illustres
: "Je plains, dit-il, les
prédicateurs obligés de faire des panégyriques funèbres
des princes et des gens du monde". Sa louange reste toujours dans
les limites du raisonnable, et il expose de façon véridique l'existence
qu a été celle du disparu, y compris dans ses errements. Le public
n'a pas de mal à reconnaître les erreurs de la reine Henriette
Marie d'Angleterre, la trahison de Condé. Fort rigoureux, Bossuet s'attache
à respecter la vérité, ce qui le garde de l'écueil
de la flatterie excessive. Page MAJ ou créée le 2003 |