LES BOURBONS
LOUIS XIV, LES PERSONNALITES |
LE MARIAGE DU DUC DE MAINE Louis XIV se montre bon père avec ses enfants naturels, qu'il légitime et entend unir aux plus grandes familles du royaume. Le 19 mars 1692, le fils aîné de la marquise de Montespan, Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, va épouser Anne Louise Bénédicte de Bourbon Condé. La Maison de Bourbon Condé, branche collatérale de celle des Bourbons, a été la première à franchir le pas et à oser mêler son sang bleu avec celui des bâtards de Louis XIV. C'est une audace : un mariage avec un bâtard, même royal et légitimé, est tout de même une certaine mésalliance. Il est vrai que le prince Louis II de Bourbon, dit le Grand Condé, a de petites trahisons à se faire pardonner, telle sa participation à la Fronde. En janvier 1680, son neveu le prince Louis Armand de Conti a épousé Marie Anne de Bourbon, dite Mademoiselle de Blois, première du nom, fille du Roi Soleil et de Louise de La Vallière. En juillet 1685, son petit-fils, Louis III de Bourbon, a épousé Louise Françoise de Bourbon, Mademoiselle de Nantes, fille du roi et de la marquise de Montespan. Cette fois, c'est au tour de son fils et successeur, Henri III de Bourbon, de songer à marier l'une de ses filles avec Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine et bâtard préféré de Louis XIV. Cette troisième alliance est destinée à renforcer définitivement et rapidement, l'entente familiale revenue. Louis XIV a longtemps différé les velléités matrimoniales de ce fils à qui il ne sait pourtant rien refuser. Il a comblé Louis Auguste de hautes fonctions, l'a légitimé et titré duc du Maine. Aujourd'hui, il s'est résigné à le marier. Le roi a d'autant plus facilement cédé que le jeune homme est soutenu par sa "seconde mère", qui l'a élevé et couvé, peut-être à cause de la légère boiterie dont il souffre. Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, qui a été la gouvernante des enfants de Madame de Montespan avant de devenir l'épouse du roi, défend avec ferveur la cause de son cher petit, âgé de vingt deux ans. En février 1692, elle décide de précipiter les pourparlers avec le clan Condé. Le prince Henri propose ses trois filles à marier, par ordre d'âge : Anne Marie Victoire, Anne Louise Bénédicte et Marie Anne. Toutes trois sont ravissantes, mais de très petite taille, ce qui leur vaut à la Cour le sobriquet de "poupées du sang". Le prétendant choisit la plus grande des trois, qui mesure un pouce de plus que ses soeurs. C'est Anne Louise Bénédicte, âgée de seize ans, et non, comme l'aurait exigé le protocole, l'aînée, qui en concevra une maladie de dépit et de langueur. Une fois que Louis XIV a approuvé le choix de son fils,
la demande en mariage peut se faire dans les règles. A Versailles, le roi se
rend dans les appartements d'Anne de Bavière, princesse de Condé et mère de
la jeune fille, pour effectuer la démarche officielle au nom de son fils. Les
fiançailles sont célébrées à la fin du carême suivant, lors des fêtes de Pâques,
dans le cabinet royal. Le 18 mars, le roi donne, pour fêter l'événement, un
grand souper à Trianon. Les tables qui accueillent la famille royale et ses
invitées sont présidées par Louis XIV, par son fils Monseigneur le Grand Dauphin,
par son frère Monsieur, le duc d'Orléans, par sa belle-soeur Madame Palatine,
duchesse d'Orléans, et par la toute nouvelle duchesse de Chartres, Françoise
Marie, fille du roi et de Madame de Montespan, qui le mois précédent a épousé
Philippe d'Orléans, le futur Régent. Page MAJ ou créée le 2002 |