LES BOURBONS
LOUIS XIV, LES PERSONNALITES |
LE DUC DE CHARTRES ET MADEMOISELLE DE BLOIS : UN MARIAGE IMPOSE PAR LE ROI SOLEIL En toutes choses Louis XIV ordonne, y compris quand il s'agit de mariage. Et Sa Majesté a décidé que son neveu, duc de Chartres et futur régent, épousera Mademoiselle de Blois, une des filles qu'il a eues avec Madame de Montespan. Peu importe les réticences du jeune homme et les résistances de ses parents, le duc d'Orléans et la princesse Palatine : les noces seront célébrées le 18 février 1692. Louis XIV a eu de nombreux enfants naturels (avec Mademoiselle de La Vallière, puis avec Madame de Montespan), qu'il a tous légitimés, "car tel est notre bon plaisir". Madame de Maintenon, qu'il a épousée après la mort de la reine Marie Thérèse et qui, des années auparavant, a été chargée d'élever la couvée de la Montespan, l'encourage à combler ses pupilles de bienfaits et à les marier au sein de la Maison de France afin de renforcer leur position. En 1685, Mademoiselle de Nantes a été unie à Louis III de Bourbon, prince de Condé. Il est désormais temps d'établir sa petite soeur, Mademoiselle de Blois, qu'on envisage de marier à Philippe II d'Orléans, duc de Chartres et futur régent. Informés des intentions de Sa Majesté, les parents du jeune homme, Monsieur, frère du roi, et Madame, la princesse Palatine, poussent les hauts cris. Malgré leur différence de caractère et la discorde qui règne au sein de leur couple, ils sont pareillement attachés à leur sang et à leur rang. Monsieur, très au fait des questions de protocole et d'étiquette, est horrifié par la seule idée de mésalliance. Tout aussi irréductible, Madame s'insurge contre le fait que la Maintenon, qu'elle déteste, veuille marier son fils à une "bâtarde"! Pendant quatre ans, de 1688 à 1692, Louis XIV manoeuvre
en coulisse. Il entreprend de rallier son frère à son projet par l'entremise
de son favori, le chevalier de Lorraine. Celui-ci, ravi de pouvoir rendre service
à Sa Majesté, promet d'intervenir et, peu à peu, parvient à tempérer les réticences
de Monsieur. De leur côté, le roi et Madame de Maintenon s'emploient à se concilier
les grâces du duc et de la duchesse d'Orléans. Sitôt qu'elle arrive chez le roi, la Palatine est mise devant le fait accompli. Louis XIV lui assène l'argument suprême : puisque Monsieur et le duc de Chartres sont d'accord, il espère qu'elle ne continuera pas à s'entêter! Folle de rage, Madame est vaincue. Désormais, l'affaire peut être rondement menée. Les fiançailles sont annoncées le jour même, dans les appartements de Madame de Maintenon, devant les courtisans médusés. Madame, elle, s'en va pleurer et tempêter en faisant les cent pas dans la galerie des Glaces. Elle refuse de recevoir son fils, venu essayer de s'expliquer, et s'en prend violemment à son mari. Au souper, l'atmosphère est glaciale, la mère et le fils sanglotent dans leur assiette, le père remâche sa contrariété. Pour bien marquer sa colère, Madame va jusqu'à escamoter la révérence qu'elle doit à son royal beau-frère. Quant à l'ambitieuse Mademoiselle de Blois, qui a affirmé : "Je ne me soucie pas qu'il m'aime, je me soucie qu'il m'épouse", elle savoure sa victoire avec une apparente modestie. Le lendemain, les choses se gâtent encore. Saint Simon rapporte que Madame vint dans la galerie des Glaces, où les courtisans attendaient la messe royale : "Monsieur son fils s'approcha d'elle comme il le faisait tous les jours pour lui baiser la main. En ce moment, Madame lui appliqua un soufflet si sonore qu'il fut entendu de quelques pas et qui, en présence de toute la Cour, couvrit de confusion ce pauvre prince"! Page MAJ ou créée le 2002 |