LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
LOUIS XIV EPOUSE MARIE THERESE D'AUTRICHE La place Royale jouxte le port de Saint Jean De Luz où claquent les cordages et les voiles des petits bateaux aux coques de couleurs vives. En ce 9 juin 1660, la foule se presse autour du bel hôtel érigé en 1643 par l'armateur Johannès de Lohobiague. C'est là que loge Louis XIV dans l'attente de l'arrivée de l'infante Marie Thérèse. L'héritière espagnole, fille du roi Philippe IV, a passé la nuit à quelques pas de là, dans une demeure patricienne qui porte le joli nom de Maison Joanoenia. Ses balcons finement décorés, à la mode italienne, donnent directement sur le port. Marie Thérèse y a retrouvé la mère de son futur époux, la reine Anne d'Autriche. Quand le cortège nuptial s'ébranle, la foule amassée sur les balcons de la place Royale lance de joyeux vivats. Nous sommes en juin et le soleil resplendit sur la petite cité basquaise. Le fastueux équipage royal emprunte la modeste (et joyeuse en ce jour) rue du Centre, principale artère de Saint Jean de Luz et chemin obligé pour se rendre de Bayonne en Espagne. Une foule se presse sur le parcours pour apercevoir le roi de France et la future reine. L'équipage s'arrête devant la belle église Saint Jean Baptiste, maintes fois détruite et reconstruite. Les parties les plus anciennes remontent à plusieurs siècles; l'abside, elle, est flambant neuve. Tandis que retentissent les orgues, le couple royal pénètre dans l'église par une porte qui ne servira plus jamais, définitivement murée après la cérémonie. Préparée à l'événement, l'infante n'en est pas moins émue quand son regard embrasse l'immense nef de bois si caractéristique des églises du Pays Basque, qui ressemblent de l'intérieur à d'immenses vaisseaux renversés. Aucun pilier ne vient gêner la vue sur les trois galeries de balcons où se pressent les hôtes de marque, courtisans français et espagnols. La cérémonie terminée, le couple royal emprunte à nouveau les mêmes petites rues. Sacrifiant à la coutume, le jeune souverain lance des pièces d'or que la foule, amassée au pied du balcon, se dispute sans méchanceté. Puis l'équipage reprend la route de Paris où Marie Thérèse va supporter, vingt trois années durant, les infidélités d'un époux bien volage. Quant à Saint Jean de Luz, la vieille cité corsaire, elle découvre enfin le calme né de la paix entre la France et l'Espagne. Sans pour autant perdre sa réputation de "nid de vipères" auprès des navigateurs qui croiseraient par le plus malheureux des hasards une embarcation armée dans le petit port basque. Que pensent les jeunes époux, tous deux
nés en 1638, de ce mariage conclu sous le sceau de la raison d'Etat ? Page MAJ ou créée le 1999 |