UN HERITIER POUR LE ROI SOLEIL
L'année 1661 est marquée par deux
événements majeurs. La mort du cardinal Mazarin, le 9 mars, qui permet à Louis XIV
d'installer l'autorité royale et de maintenir à l'extérieur le prestige de la France.
Et la naissance du Grand Dauphin, premier fils du roi et héritier du trône, le 1er
novembre.
Du 15 mars 1646 jusqu'à sa mort, dans la
nuit du 8 au 9 mars 1661, le cardinal Mazarin, maître de l'Etat, fin stratège et
brillant diplomate, enseigne, éduque et forme le jeune Louis XIV, tant en matière
politique que militaire. Le lendemain de sa mort, le roi prend les rênes de l'Etat.
Louis XIV est alors marié, depuis le 9 juin 1660, à Marie Thérèse d'Autriche, fille du
roi d'Espagne Philippe IV. Il a vingt deux ans et demi. Le 1er novembre 1661, la succession est
assurée : au château de Fontainebleau, Marie Thérèse met au monde un fils. Pendant
toute la durée du travail, le roi a été à ses côtés. Lorsque l'enfant paraît,
Louis, tout heureux, oublie un instant son rang royal et court ouvrir la fenêtre pour
crier à la foule : "La reine est accouchée d'un
garçon!". La Cour, la ville, les grands et les humbles, tous se réjouissent
à cette nouvelle de première importance. Le premier fils du Roi Soleil portera le titre
de "Monseigneur".
Dès lors, l'héritier du trône est
l'objet des soins les plus attentifs. "Jamais prince,
assure Voltaire, n'eut de pareils maîtres". Le premier
d'entre eux est le roi lui-même.
Dans ses Mémoires, commencées en 1661 et adressées au dauphin entre 1674 et
1677, à l'âge de la maturité, Louis XIV expose ses idées politiques pour édifier et
orienter Monseigneur. Il désire qu'on rende son fils "sage et
modéré", qu'il devienne un "honnête homme".
Il lui recommande de s'informer, de prendre conseil, de travailler, d'apprendre, de se
méfier des flatteurs. Conscient de la charge qu'il assume, le roi écrit au dauphin : "Si je puis vous expliquer ma pensée, il me semble que nous devons
être en même temps humbles pour nous-mêmes et fiers pour la place que nous
occupons".
A sa septième année, Monseigneur quitte le gouvernement des femmes pour celui des hommes,
du gouvernement de Madame de la Motte pour celui de Charles de Saint Maure, duc de
Montausier, un sévère et austère vieillard, brillant soldat et ancien protestant. Car
Louis XIV souhaite donner à son fils, une éducation opposée à la sienne. A la place
d'un tuteur affectueux, le Grand Dauphin découvre le terrible Monsieur de Montausier et
ses coups de canne "pédagogiques". Le duc est responsable de ses précepteurs
successifs, de la formation de son caractère et de son initiation à l'art de la guerre.
Le président de Périgny, au caractère
droit et à l'esprit distingué, lecteur de Sa Majesté, devient le précepteur de
Monseigneur, de 1668 à 1670. Il établit un plan d'études en accord avec Montausier que
Jacques Bossuet, le célèbre évêque de Meaux qui se fait pour son élève philosophe et
historien, suivra de 1670 à 1679. Périgny souhaite que le dauphin ait à la fois
l'éducation d'un bon gentilhomme et celle d'un homme d'Etat. En tant que prince, il doit
apprendre la jurisprudence, ancienne et moderne, les maximes du droit public, les règles
canoniques, les lois de la politique et du gouvernement. Comme gentilhomme, il doit
acquérir la connaissance des Saintes Ecritures et du catéchisme, maîtriser parfaitement
le latin ainsi que quelques notions de grec et des langues italienne et espagnole. Sans
oublier l'histoire ancienne et moderne, la philosophie, les grands traits de la
rhétorique et les mathématiques, indispensables à la maîtrise des arts militaires et
de la fortification.
Pour acquérir ces multiples connaissances, le dauphin est entouré d'hommes illustres,
tels l'évêque de Condom, l'humaniste Pierre Danet ou encore l'abbé Huet.
Que retient le Grand Dauphin de tout cela? Peu de choses, semble-t-il. A dix
huit ans,
Monseigneur ne conserve à peu près rien de ses connaissances vainement accumulées. Il
prend en horreur les livres, les sciences et l'histoire. Madame Palatine, sa tante, dit de
lui : "Il a beaucoup appris, mais il ne veut parler de rien, et
il s'applique de toutes ses forces à oublier tout ce qu'il a appris, car tel est son bon
plaisir". Saint Simon renchérit : "Il aimait mieux très souvent garder
le silence que de parler".
En revanche, le dauphin excelle en équitation, à l'instar de son père, danse joliment
et se révèle doué pour la pratique des exercices militaires. En attendant de devenir le
meilleur veneur de France...
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