LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
LE MARIAGE DU GRAND DAUPHIN Agé de dix huit ans, le fils aîné du Roi Soleil, Louis de France, Monseigneur le Grand Dauphin va épouser Marie Anne Victoire de Bavière, d'à peine un an son aînée. En ce 7 mars 1680, toute la Cour s'est déplacée à Châlons pour assister aux cérémonies des noces de l'héritier du trône, qui scellent l'alliance du royaume avec le duché bavarois. Il y a déjà une dizaine d'années que Louis XIV songe à unir son héritier, Monseigneur le Grand Dauphin, à la fille de l'Electeur Ferdinand de Bavière. Face à l'ennemi autrichien, cette alliance est loin d'être négligeable. A Munich, les ambassadeurs du roi ont rondement mené les négociations avec la duchesse Marie Anne Victoire Christine Josèphe Bénédictine Rosalie Pétronille, laquelle est "bien mieux" que sur son portrait, affirment-ils. D'à peine un an l'aînée du Grand Dauphin, la fiancée est fort cultivée, maîtrise parfaitement l'allemand, l'italien et le latin. A l'idée de devenir la belle-fille du Roi Soleil, elle se déclare éperdue de bonheur, car sa mère, Adélaïde Henriette de Savoie, fille de Christine de France, la soeur de Louis XIII, lui a transmis son amour pour son pays. Le contrat de mariage, signé le 30 décembre 1679, inclut
le renouvellement du traité d'alliance entre la France et la Bavière. Le mariage
par procuration est célébré à Munich le 28 janvier 1680 : en l'absence du Grand
Dauphin, c'est le duc Maximilien de Bavière qui le remplace auprès de sa soeur.
Après cette cérémonie, pour laquelle le frère de la mariée a passé commande
à Louis XIV de huit cent mille francs de pierres précieuses et d'habits somptueux, Marie
Anne quitte sa famille, accompagnée par une suite de cinq cents personnes. Dès son
arrivée à Strasbourg, elle est accueillie par plusieurs hauts dignitaires qui
lui rendent les honneurs dans sa langue maternelle. "Messieurs,
parlez moi français!", s'exclame-t-elle avec fougue. C'est également
là qu'elle rencontre Madame de Maintenon : le roi a dépêché sa favorite avec
pour mission de juger de visu des qualités de la Dauphine. La marquise ne fait
aucun commentaire sur le physique de la jeune femme mais loue sa dignité, tandis
que Jacques Bénigne Bossuet, qui l'accompagne en tant que futur aumônier de
la princesse, fait part à Louis XIV du "très bon esprit" de la mariée. Lorsque le cortège nuptial arrive à Châlons, il est reçu
par la reine Marie Thérèse d'Autriche. Vêtue de brocart neigeux, les cheveux
parsemés de rubans blancs, Marie Anne de Bavière fait excellente impression;
sa belle-mère n'a guère à lui reprocher que son teint légèrement rougi par la
fraîcheur du mois de mars. Le soir venu, dans la salle d'apparat du palais épiscopal,
le cardinal de Bouillon, Grand Aumônier de France, donne la bénédiction aux
jeunes gens. Puis le Grand Dauphin et la Dauphine gagnent leur chambre, suivis,
comme l'étiquette l'exige, par la famille royale et les courtisans. Louis XIV
tend une chemise de nuit à son fils, la reine en fait autant à sa belle-fille,
puis les rideaux du lit sont tirés, laissant le couple à l'intimité de sa nuit
de noces. Conformément à l'usage, le lendemain matin, des dépêches sont envoyées
aux chancelleries des cours européennes : le mariage a été consommé! Dès lors,
dans son message à Munich, le Roi Soleil peut réclamer le tiers de la dot de
la mariée. Page MAJ ou créée le 2002 |