LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
" REINE D'UN SOIR " Parmi toutes les favorites de Louis XIV, Françoise Louise de la Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière, possède une grâce spéciale. Elle ne s'intéresse ni au pouvoir ni à la puissance que procure sa position. Simplement, avec candeur, fraîcheur et simplicité, elle est éperdument éprise du roi. En ce mois de mai 1664, elle a vingt ans et Louis XIV est de six ans son aîné. Ils s'aiment dans le feu d'une jeunesse solaire. Cela fait maintenant quatre ans que Louise de La Vallière, qui n'est pas encore duchesse, a attiré l'oeil du roi. Il a tout de suite remarqué cette beauté au regard azuré, si angélique, tout en blondeur et en finesse de formes. Issue d'une famille originaire du Bourbonnais, fille du gouverneur du château d'Amboise, Louise, orpheline très tôt, a quitté sa Touraine natale pour venir à la Cour. A dix sept ans, elle a été placée comme fille d'honneur auprès de la duchesse d'Orléans, la future Henriette d'Angleterre, belle-soeur de Louis XIV. Louise a beau boitiller légèrement, elle n'en danse que plus joliment et les courtisans ne restent pas insensibles à son charme. Mais nombreux sont ceux, à l'instar du Surintendant Fouquet, qui sont éconduits par la belle. En amateur averti, le roi apprécie autant la danseuse que la jeune fille. En quelques semaines, il fait sa conquête et, dès 1661, elle devient sa maîtresse. Leur liaison n'est rendue publique que deux ans plus tard. Et aujourd'hui, mercredi 7 mai 1664, le soleil a brillé toute la journée et la fête de ce soir sera celle de Louise. Un apogée printanier que le roi lui dédie. Versailles ne brille pas encore de tous
ses feux. Le château n'est encore qu'un castel de campagne et un vaste chantier destiné
à devenir un palais magnifique. Déjà, pourtant, s'amorce l'esquisse des splendides
jardins agencés par Le Nôtre. Louis XIV se rend de plus en plus souvent à Versailles,
rêvant aux futurs aménagements ; mais aussi savourant les plaisirs et ses amours.
La fête des "Plaisirs de l'île enchantée", inspirée de Roland furieux,
poème héroïco-comique de l'Italien Arioste, se prépare depuis des semaines. Des
tentes, des portiques, des palissades et de riches décors ont été mis en place par une
armée d'ouvriers et d'artisans. Molière en personne supervise la partie théâtrale. Un
autre Jean Baptiste, Lully veille à la partie musicale. Après une ultime répétition,
comédiens, danseurs, musiciens et figurants connaissent parfaitement leur rôle : la
fête peut enfin commencer. Tout au long de ces jours, de ces nuits, étincelants, le coeur de Louise bat à l'unisson avec celui de Louis son bien-aîmé. Bien sûr, la reine Marie Thérèse est la marraine officielle des réjouissances. Le roi lui a même fait écrire un compliment à propos de son teint charmant. Mais chacun sait, et elle est la toute première, que Louise est l'unique élue du souverain. Louis le lui a dit publiquement lors du carrousel d'ouverture, en plaçant son frère, le marquis de La Vallière, dans sa troupe d'honneur. Pour clore les festivités, le roi organise une loterie après le dîner. Bijoux, meubles, bibelots d'argent sont diplomatiquement répartis. Le gros lot va à la reine Marie Thérèse mais les pierreries vont à Louise. Charmée par tant d'attention de la part du Roi Soleil, elle manque défaillir de bonheur. Elle est si heureuse qu'elle ne voit rien ni personne d'autre autour d'elle. Seulement un jeune homme beau et amoureux qui lui offre son amour. Pour elle, "l'île enchantée" est une île déserte, juste pour elle et Louis. Page MAJ ou créée le 2002 |