LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
LA FUTURE MARQUISE EST PRESENTEE A LA COUR Issue d'une noble et ancienne famille poitevine, Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart est présentée à la Cour lors de l'été 1660. Aussi ravissante et intelligente que bien née, la demoiselle rêve de briller et de conquérir le grand monde... et peut-être aussi, déjà, le Roi Soleil en personne. Mais pour l'heure, il lui falloir patienter, en repoussant sagement les hommages de ses nombreux soupirants. Les Rochechouart de Mortemart appartiennent à l'une
des plus anciennes familles du Poitou, au service des rois de France depuis
le XIème siècle. Mais ce passé glorieux dissimule mal la
douloureuse réalité : avec le temps, les ressources du domaine
de Lussac les Châteaux se sont considérablement amoindries. Le
duc Gabriel, plus dépensier et bon vivant que gestionnaire avisé,
a cinq enfants à pourvoir. L'unique garçon, Louis Victor, comte
de Vivonne, a été enfant d'honneur et compagnon de jeux du jeune
Louis XIV, avant d'entamer une brillante carrière militaire. Parmi les
quatre filles, les deux cadettes, Marie Christine et Marie Madeleine, sont destinées
à entrer en religion. Les deux aînées, Gabrielle et Françoise
Athénaïs, la future marquise de Montespan, ont été
élevées dans le dessein de redorer le blason familial en contractant
de riches mariages. Gabrielle, devenue marquise de Thianges, est en faveur à
la Cour : ce qui permet d'espérer qu'elle saura y introduire Françoise
Athénaïs par la bonne porte. D'emblée, dès sa présentation, dans le courant de l'été 1660, Françoise Athénaïs va séduire la Cour par sa beauté. Elle possède tous les attributs physiques exigés par la mode qui trotte. Blonde aux yeux d'un bleu céleste, le visage d'un ovale parfait, la bouche purpurine et le sourire de nacre, elle réussit le tour de force de conjuguer rondeurs féminines et grâce altière. Ayant reçu au couvent de Sainte Marie, à Saintes, l'éducation traditionnelle des filles de son rang, elle allie harmonieusement manières délicates et morale irréprochable. Sagement, elle éconduit, avec courtoisie, mais fermeté, ses nombreux soupirants. En demoiselle avisée, elle se refuse au marivaudage, préoccupée avant tout de se trouver un mari. Elle a également de grandes ambitions, que, pour l'heure, elle garde secrètes : ses admirateurs ne clament-ils pas qu'elle est un "morceau de roi"? En attendant, guidée et chaperonnée par sa soeur Gabrielle, Françoise Athénaïs se lance dans le tourbillon fascinant des fêtes données à la Cour et, aussi intelligente que ravissante, découvre le monde brillant et spirituel des salons. Plusieurs fois déjà, Louis XIV et la belle
Poitevine se sont rencontrés, chez la reine Marie Thérèse
ou chez Madame. Au cours du glacial hiver de 1662, au palais du Louvre, un spectacle
va les rapprocher. Pour la première des Amours d'Hercule, ballet-opéra
dont le livret a été spécialement écrit pour Sa
Majesté par le poète Issac de Benserade, le roi interprête
le rôle-titre, qui personnifie également le Soleil et Mars, le
dieu romain de la guerre. Tandis que Monsieur, le duc d'Orléans, joue
Hymen, Françoise Athénaïs apparaît en cavalière
du Soleil. Sa prestation ne passe pas inaperçue : le duc Anne de Noailles,
lieutenant général, est littéralement émerveillé.
"La blonde Athénaïs, aux yeux bleus ravissants, avec des sourcils
plus foncés unissant la vivacité à la langueur, au teint
d'une blancheur éblouissante [...] est une de ces figures qui éclairent
les lieux où elles paraissent", note-t-il avec fougue. L'assistance
entière ne peut que remarquer cette silhouette inoubliable... Mais le
roi, lui, n'a d'yeux que pour Louise de la Baume Le Blanc, la future duchesse
de La Vallière! Page MAJ ou créée le 06/2004 |