LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
LA MORT DE LA MARQUISE Pour Françoise Athénaïs, marquise de Montespan, l'existence est devenue un fardeau. Compromise dans l'Affaire des Poisons, elle a perdu l'amour et la confiance de Louis XIV. Depuis qu'elle a quitté la Cour, en 1691, la favorite déchue erre de couvent en ville d'eau. C'est lors d'une cure à Bourbon l'Archambault qu'elle va s'éteindre, le 27 mai 1707, quatre mois avant son soixante sixième anniversaire. D'abord retirée à Paris, au couvent des dames
de Saint Joseph, dont elle est la bienfaitrice, la marquise Françoise
Athénaïs de Montespan a fondé un hospice pour les indigents
à Fontevraud, en Anjou, dont elle a confié la direction à
sa soeur cadette, Marie Madeleine. Puis elle a acheté le domaine d'Oiron,
dans les Deux Sèvres, dont elle habite au château et où
elle a également fait construire un hospice. Mais ses généreuses
entreprises ne peuvent calmer ses angoisses : elle se croit atteinte d'un mal
obscur, punition divine d'une vie impie. "Elle pensait incessamment à
la mort et en avait des frayeurs si terribles qu'elle gageait des femmes pour
la veiller toute la nuit. Elle dormait ses rideaux ouverts, avec force bougies
toujours allumées et, toutes les fois qu'elle se réveillait, elle
voulait trouver les veilleuses, ou parlant ou jouant, de peur qu'elles ne s'endormissent
[...] Sans être malade, mais elle croyait toujours l'être et aller
mourir", note le duc de Saint Simon dans ses Mémoires. La cure ne provoque aucun soulagement à madame de
Montespan, qui dans la nuit du 14 au 15 mai, tombe en syncope. Son amie, la
jeune maréchale de Coeuvres, appelle immédiatement un médecin.
On fait vomir la malade avec de l'émétique. Elle revient à
elle, mais demeure très faible. Le 17 au matin, elle demande un prêtre,
se confesse et implore le pardon pour ses emportements passés, devant
tous ses serviteurs réunis à son chevet. Elle fait aussi appeler
le fils qu'elle a eu avec son époux, le marquis de Montespan, Louis Antoine,
duc d'Antin. Celui-ci n'arrive que trois jours plus tard et la trouve presque
inconsciente. Fils aîné et légataire universel de
la marquise (puisqu'on n'a retrouvé aucun document), le duc d'Antin n'a
laissé aucune directive pour les funérailles. "Les obsèques
furent à la discrétion des moindres valets", remarque Saiint
Simon. Quelques servantes tentent de donner une apparence décente au
corps, jadis splendide, qui a été déformé lors de
l'autopsie et de l'embaumement. Page MAJ ou créée le 06/2004 |