LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
LA FUTURE MADAME DE MAINTENON EPOUSE LE POETE SCARRON Françoise d'Aubigné, la future Madame de Maintenon qui deviendra, le 10 octobre 1683, l'épouse morganatique de Louis XIV, s'est résolue à se marier avec le poète Scarron, un homme contrefait, paralytique et de vingt cinq ans son aîné. C'est, pour cette jeune aristocrate de seize ans, orpheline et dénuée de ressources, la seule façon de continuer à vivre dans le monde et d'éviter le couvent. Françoise d'Aubigné a seize ans, elle est orpheline et sans le sou. C'est une jeune fille de physionomie aimable, charmante, vive, cultivée et du meilleur monde. Mademoiselle de Scudéry qui en a fait l'un des personnages de son roman Clélie, la dépeint comme "grande et de belle taille, le teint fort uni et beau, les cheveux d'un châtain clair et très agréables, le nez bien fait, la bouche bien taillée, l'air noble, doux, enjoué, modeste et, pour rendre sa beauté plus parfaite et plus éclatante, les plus beaux yeux du monde, noirs, brillants, doux, passionnés, pleins d'esprit". Son futur époux se nomme Paul Scarron. C'est un homme de lettres à la répartie caustique et au passé libertin. Il a quarante deux ans, un âge auquel, en cette année 1652, on est presque un vieillard. La maladie qui l'a déformé et paralysé (il se désigne lui-même comme le "cul de jatte") accentue encore les vingt cinq années qui le séparent de sa jeune fiancée. Mais ni l'un ni l'autre ne s'apprêtent à conclure un mariage d'amour. C'est la raison sociale qui guide les futurs époux. Une estime aussi réciproque. Et, pour Scarron, loin de toute concupiscence (du moins l'affirme-t-il), un sentiment de compassion. Sans cette union, la belle indienne, ainsi que l'a surnommée le chevalier de Méré, devrait se résoudre à entrer au couvent. Or, pour elle, il n'est pas question de vivre en recluse. Le couvent, elle y a déjà goûté. Chez les Ursulines, à Niort d'abord, puis à Paris, rue Saint Jacques, placée par sa très peu aimante marraine, madame de Neuillant, qui a pris en main son éducation. Françoise, par dessus tout, veut vivre en société et fréquenter les salons. Pour parvenir à ses fins, elle ne saurait reculer devant le compromis. Les aléas de sa jeune existence lui ont forgé une volonté d'acier. Née dans une prison, à Niort en 1635, d'un père aventurier, impécunieux et désinvolte, elle a été ballottée dans l'enfance entre deux lointaines contrées : la Martinique (où elle a passé les dix premières années de sa vie) et la France (où elle revenue orpheline). Elle a aussi grandi entre deux religions, le protestantisme dans lequel elle a été élevée (son grand-père n'est autre que le capitaine et poète calviniste Agrippa d'Aubigné) et le catholicisme auquel elle a adhéré en 1649 sous la férule de sa terrible marraine. Scarron, depuis la parution, en 1643, de son "Recueil
de vers burlesques" tient une place d'importance dans le monde des
Lettres. A l'hôtel de Troyes où il vit, ce salon jaune où
le notaire s'apprête à dresser le contrat de mariage, est le lieu
de rencontre d'esprits éclairés et de gens du monde. Une assurance,
pour la jeune mariée, de s'ébattre en société et
d'y briller. Seule ombre au tableau, peut-être, les amis "frondeurs"
de l'écrivain, auteur aussi de quelques virulentes mazarinades. De fait,
la Fronde qui va s'effondrer dans quelques mois, précipitera le couple
en province mais, à leur retour à Paris, deux ans plus tard, le
salon Scarron retrouvera bien vite son lustre. Gens de lettres (Tristan l'Hermite,
Chapelain, Guez de Balzac, Jean Racine, Gilles Ménage, Madame de La Fayette),
artistes tel le peintre Mignard, aristocrates en vue (le duc de Sully, Henri
de La Tour d'Auvergne, le vicomte de Turenne, la marquise de Sévigné,
le maréchal d'Albret), sans compter la célèbre Ninon de
Lenclos, s'y pressent régulièrement. Page MAJ ou créée le 2000 |