LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
LA MORT DE LA DUCHESSE ADELAIDE DE BOURGOGNE Vive, charmante et attachante, la duchesse Marie Adélaïde de Bourgogne règne sur Versailles comme sur les coeurs. Au point qu'à la Cour chacun semble se réjouir à l'idée d'avoir un jour pour reine l'épouse du dauphin Louis, le petit-fils de Louis XIV. Mais, le 12 février 1712, la jeune femme de vingt six ans succombe à une épidémiee de rougeole, laissant le roi, sa famille et ses sujets éplorés. Depuis qu'elle a épousé le duc Louis de Bourgogne, en décembre 1697, Marie Adélaïde de Savoie a réussi un parcours sans faute. Elle illumine les vieux jours de Louis XIV, domine avec grâce et sans partage la Cour la plus brillante d'Europe. Elle a donné deux fils à la dynastie des Bourbons, également prénommés Louis, le duc de Bretagne et le duc d'Anjou, le futur Louis XV. Depuis la mort du Grand Dauphin, en avril 1711, le roi compte sur son petit-fils, le duc de Bourgogne, désormais dauphin, pour assurer la relève. Il met également tous ses espoirs en sa chère Marie Adélaïde, dont il est le premier à reconnaître les qualités et qu'il juge fort capable de seconder son époux au cours d'un règne qui semble s'annoncer troublé. Mais la santé de la dauphine commence à donner des inquiétudes. De complexion délicate, sujette à de fréquents malaises, elle fait pourtant face à toutes ses obligations. De plus, le conflit qui oppose sa Savoie natale à son pays d'adoption l'a épuisée nerveusement. Elle ne rêve que du traité de paix qui lui permettra d'oublier ce déchirement et de la fête qu'elle donnera pour le célébrer. Le 18 janvier 1712, Louis XIV gagne son château de Marly.
La dauphine l'y rejoint comme de coutume, "avec une
grande fluxion sur le visage", note le Louis de Saint Simon dans
ses Mémoires. Ses dents en mauvais état sont fréquemment à l'origine
d'abcès qui provoquent un oedème de la face, ce qui ne l'empêche pas de tenir
salon pour le roi : "Elle y joua en déshabillé, toute
embéguinée". Après une visite à celle qu'elle nomme "ma tante",
la marquise de Maintenon, elle doit souper au lit tant elle se sent mal. Deux
jours plus tard, l'abcès diminue et la dauphine reprend des forces. Non content de recourir aux praticiens habituellement
à son service, Louis XIV a fait mander des chirurgiens parisiens. Mais les sept
hommes de l'art sont impuissants à enrayer la forte fièvre qui, à partir du
9 février, monte de plus en plus dangereusement. Les émétiques destinés à soulager
la malade en la faisant vomir et les saignées répétées sont sans effet. Le 11
février, la dauphine paraît si exténuée que le roi se résout à lui demander
si elle désire recevoir les sacrements. Malgré sa faiblesse, elle s'étonne,
s'enquiert de la gravité de son état. Malgré le ton des réponses, qui se veut
rassurant, elle demande à se confesser. Elle choisit un prêtre récollet étranger
à la Cour, où abondent les jésuites de madame de Maintenon, ce qui provoque
quelque émoi. Mais son souhait est exaucé : le père Noël, mandé d'urgence, reste
un long moment à son chevet, puis elle reçoit l'extrême onction et le saint
viatique apporté par Louis XIV. Une heure plus tard, elle réclame elle-même
les prières des agonisants. Page MAJ ou créée le 2003 |