LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
LOUIS XIV SE MEURT Aux premières heures du dimanche 1er septembre 1715, dans son cher Versailles, le Roi Soleil s'éteint, à la veille de ses soixante dix sept ans. Louis XIV meurt royalement, tel qu'en lui-même. "Pourquoi pleurez vous ? Est ce que vous m'avez cru immortel ? Pour moi, je n'ai jamais cru l'être.", aurait-il dit, stoïque aux garçons de sa chambre en pleurs. Une mort souveraine, jusqu'au bout. Le roi est malade depuis
le mois d'août. Une déchéance fulgurante pour celui qui étonne ses contemporains, son
entourage et son peuple par son allure. Sa longévité paraît exceptionnelle, voire
miraculeuse, à une époque où les vieillards ont cinquante ans. "Sa force surprend toujours" note Madame de Maintenon, la "reine
secrète". Elle ne le quitte pas tout au long de ces journées sombres, que seules
éclairent la majesté et la grandeur d'âme de Louis XIV. Le vieux roi est un lion
fatigué, mais serein. Depuis que ses malaises et ses douleurs à la jambe ont commencé,
le 9 août, à Marly, il s'est tout de suite organisé. Il a réduit ses activités, mais
tient à assurer son devoir d'Etat, continuant à recevoir ministres et ambassadeurs,
proches et courtisans. Fagon, inquiet, accroît la surveillance médicale. Boudin, médecin ordinaire, Mareschal, premier chirurgien, et Biot, apothicaire, couchent dans le cabinet de la chambre du roi, prêts à intervenir. Mais contre quoi au juste? Le roi a-t-il de la fièvre? Que signifie sa soif permanente? Fagon appelle en consultations collectives les meilleurs docteurs de la Cour et de la Faculté. Ces messieurs confirment la sciatique. Pourtant, la douleur et les insomnies augmentent au fil des jours. Louis XIV circule maintenant en chaise à roulettes pour aller écouter la petite musique des violons qu'il aime tant, dans les appartements de Madame de Maintenon. Pour le soulager on lui bande étroitement la jambe. Mais dessous, la gangrène, dont on ose enfin évoquer le nom, gagne. Le 25 août, jour de la Saint Louis, le roi écoute l'aubade que lui font les hautbois et les tambours, sous sa fenêtre. Il est décidé à célébrer sa fête, presque comme à l'accoutumée. Il travaille avec ses ministres, réclame vingt quatre violons pour accompagner son dîner. Mais au moment où les musiciens doivent entrer, à sept heures, Louis perd connaissance pendant quinze minutes. Revenu à lui, se sachant perdu, il demande à recevoir le viatique et l'extrême-onction. Le Cardinal de Rohan, grand Aumônier, deux adjoints et Monsieur Huchon, curé de Versailles, lui donnent les derniers sacrements en présence des princes de sang. Madame de Maintenon, en retrait, veille son malade, dans un coin de la chambre jusqu'à ce que Louis la congédie. Il doit faire vite. Voir une ultime fois ceux à qui il veut laisser un message. Son neveu, le duc d'Orléans qui doit assurer la régence. Les princes, les princesses, les ministres, les courtisans, qui sanglotent tous, tandis que Louis XIV leur communique ses volontés, avant de consentir enfin à recevoir les soins des médecins et prendre du repos. Le lendemain, à midi, il appelle le Dauphin, son arrière petit-fils âgé de cinq ans, le futur Louis XV. Le seul héritier au trône qui lui reste après l'hécatombe qui a frappé sa descendance. "Mignon, vous allez être un grand roi, dit l'aïeul à l'enfant, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples". Après une messe, Louis XIV fait venir ses gens de cour et gens de service. A eux, valets, huissiers et porte arquebuses, le roi livre sa philosophie : " Soyez tous unis et d'accord : c'est l'union et la force d'un Etat". Page MAJ ou créée le 1999 |