LES BOURBONS
LOUIS XV, LES ARTS ET LES SCIENCES
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LES MERVEILLEUX AUTOMATES DE VAUCANSON Le 11 février 1738, Jacques de Vaucanson présente son étonnant Joueur de flûte traversière. Cet automate sera le premier d'une série d'extraordinaires mécaniques qui enthousiasmeront le public et susciteront l'admiration des savants. Enfant, Jacques de Vaucanson a fréquemment accompagné sa mère, femme pieuse et austère, en visite dans un couvent. Pour tromper son ennui, il a attentivement observé le fonctionnement d'une horloge. A l'école, pendant les récréations, il s'est essayé à "faire mouvoir des petites figures d'anges et de prêtres, dans une petite chapelle qu'il s'était formée". Novice chez les Minimes, il a construit des automates chargés de servir les plats en l'honneur d'un dignitaire ecclésiastique : un hôte de passage qui a exigé la destruction immédiate de l'atelier où ont été fabriquées ces créatures du diable! En 1728, ayant renoncé à faire carrière
dans les ordres, Vaucanson vit à Paris et travaille à son grand projet : la
création d'un homme artificiel. Il étudie la physique, le médecine et l'anatomie.
Afin de faire avancer les connaissances médicales, il fabrique une anatomie
vivante qu'il présente à Tours, à Rennes et à Angers. En 1733, de retour
dans la capitale, il loue et transforme en atelier un grand salon de l'hôtel
de Longueville, rue Saint Thomas du Louvre. C'est là qu'il conçoit le mécanisme
de son chef d'oeuvre, Le Joueur de flûte traversière, imité du Flûteur,
statue du sculpteur Antoine Coysevox qui trône dans les jardins du palais des
Tuileries. Après des semaines de travail acharné, son valet est le témoin d'un
fabuleux spectacle : quelques bruits mystérieux sont suivis d'une musique bizarre,
puis le joueur de flûte s'agite sur son socle et fait courir ses doigts sur
son instrument. Devant l'Académie des Sciences Vaucanson
présente un mémoire très argumenté qui convainc les savants de son génie. La
vénérable institution lui donne sa caution par l'intermédiaire de Bernard Le
Bovier de Fontenelle, qui reconnaît que la statue de bois animée "a
mérité l'admiration du public" et juge "que
cette machine était extrêmement ingénieuse, que l'auteur avait dû employer des
moyens simples et nouveaux". Pour achever d'emporter
l'adhésion des sceptiques, l'ingénieux mécanicien ajoute à son exposition deux
autres automates : un Joueur de galoubet et de tambourin et un extraordinaire
Canard qui barbotte, bat des ailes , mange et digère : "On
présentait à l'animal un vase dans lequel était de la graine baignant dans de
l'eau. Le mouvement que faisait le bec en barbotant divisait la nourriture et
facilitait son introduction dans un tuyau placé sous le bec inférieur du canard;
l'eau et la graine, ainsi aspirées, tombait dans une boîte placée sous le ventre
de l'automate (...). Une espèce de bouillie composée de mie de pain colorée
de vert était poussée par un corps de pompe et soigneusement reçue sur un plateau
en argent comme produit d'une digestion artificielle",
témoignera le prestidigitateur Robert Houdin. Page MAJ ou créée le 2002 |