LES BOURBONS
LOUIS XV, LES ARTS ET LES SCIENCES |
JEAN ANTOINE HOUDON En 1773, Jean Antoine Houdon sculpte les bustes de la tsarine Catherine II de Russie et du philosophe Denis Diderot. Dès lors, son succès ira grandissant et il sera sollicité par nombre de ses contemporains, anonymes ou célèbres. Au fil des ans, il réalise une exceptionnelle galerie de portraits, réunissant Louis XVI et son ministre Turgot, Voltaire et Rousseau, Gluck et Buffon, La Fayette et Mirabeau. Né à Versailles le 20 mars 1741, Jean Antoine Houdin a huit ans quand son père devient concierge de l'Ecole des Elèves protégés, sorte d'antichambre de l'Académie de France à Rome, où, après avoir réussi le concours, les artistes préparent pendant trois ans leur séjour en Italie. C'est là qu'il fait son apprentissage, profitant de l'enseignement des grands sculpteurs Jean Baptiste Lemoyne et Jean Baptiste Pigalle, et du décorateur Michel Ange Slodtz. En 1761, à vingt ans, il remporte le grand prix de sculpture avec un bas relief historique, La Reine de Saba apportant des présents à Salomon. En 1764, après avoir accompli ses trois années à l'Ecole des Elèves protégés, Houdon part pour Rome. Comme ses pairs, il y étudie les antiques, mais se consacre aussi à une occupation plus singulière : l'étude de l'anatomie comme base du dessin, se rendant régulièrement, avec son ami le peintre allemand Mannlich, à l'amphithéâtre de dissection de Saint Louis des Français. En 1767, ces études peu orthodoxes le conduisent à sculpter un Ecorché, statue dont il n'est pas peu fier et qui obtient un succès considérable. Cette oeuvre d'un réalisme remarquable devient aussitôt un classique : toutes les académies de médecine et de science s'empressent de s'en procurer une copie, ainsi que, sur le conseil du philosophe Denis Diderot, la tsarine Catherine II de Russie, aussi férue d'art que de science. Les nombreux moulages qu'il en tire permettent à l'artiste de se constituer un confortable pécule. De retour à Paris fin novembre 1768, auréolé
de sa gloire récente, Houdon est persuadé qu'il va obtenir maintes commandes
royales. Mais les prodigalités de Louis XV envers ses maîtresses ont épuisé
le Trésor, et même avec une commande ferme, les artistes doivent batailler pendant
des années pour obtenir le règlement complet de leurs émoluments! Houdon ne
peut espérer vivre de quelques sculptures monumentales; contraint de développer
une activité plus lucrative, il se consacre à un art peu considéré, celui du
portrait. Doué d'un exceptionnel talent d'observation, il capte avec un réalisme
saisissant les traits, les expressions et même le regard de ses modèles. Son
génie se révèle à travers une extraordinaire série de portraits, jamais flatteurs
mais toujours inspirés et criants de vérité. Pour satisfaire tous les types de clientèle
désireux de se procurer un moulage de ses oeuvres, Houdon prend l'habitude de
réaliser, pour chacune des célébrités de son temps, trois bustes différents
: l'un à "la française", avec perruque et deux à "l'antique",
l'un drapé, l'autre poitrine nue. Désormais, le sculpteur voit sa renommée s'étendre
au-delà des frontières et il est demandé dans toutes les Cours d'Europe. En
1785, le buste de Benjamin Franklin, alors ambassadeur en France des jeunes
Etats Unis d'Amérique, suscite l'admiration Outre-Atlantique. Si bien que l'Etat
de Virginie passe commande d'un portrait du président George Washington à l'artiste,
lequel tient à faire le voyage pour rencontrer personnellement son modèle et
exécuter la célèbre statue qui orne aujourd'hui le seuil de la plupart des musées
américains. Page MAJ ou créée le 2002 |