LES BOURBONS
LOUIS XV, CHEF D'ETAT |
UN REGNE PROSPERE Après les excès de la Régence, la popularité du jeune roi est grande parmi le peuple. La France est alors, si l'on excepte la Russie, la nation la plus peuplée d'Europe. Son prestige s'étend à travers les élites européennes qui parlent français, la langue des lettrés. En cette seconde moitié du XVIIIème siècle, notre empire colonial s'étend du Canada à la Louisiane, des Indes occidentales aux Indes orientales et constitue une source de richesses non négligeables. Louis XV ne s'intéresse alors que de manière lointaine à l'exercice du pouvoir, laissé aux mains du cardinal de Fleury qui fut précepteur du jeune roi. Le cardinal de Fleury, homme prudent et avisé, est à l'évidence plus intéressé par les affaires extérieures du royaume et de la diplomatie européenne que par la situation économique intérieure du pays. Il confie cette lourde tâche à Philibert Orry, excellent administrateur qui remplace à l'économie le Pelletier des Forts, compromis dans de malheureuses spéculations. Nommé contrôleur général des Finances en 1730, Philibert Orry parvient pourtant par une politique prudente à équilibrer le budget de l'Etat en 1738; une situation depuis longtemps attendue mais que viendra compromettre la guerre de Succession qui commence. Exact, profondément honnête, Orry pratique une gestion saine des finances. Sous son administration, la France travaille et s'enrichit. Le contrôleur use largement du dixième, cet impôt provisoire créé en 1710 sous le règne précédent et qui porte sur tous les revenus des sujets du royaume sans exception. Le dixième est perçu de 1733 à 1737, puis à nouveau de 1741 à 1749, année où il est définitivement aboli. Sa perception rapporte l'équivalent de trente millions de francs actuels à l'Etat chaque année et sert surtout à financer les guerres du royaume. En outre, Orry s'attache à développer le commerce extérieur de la France qui, sous la Régence, a profité de l'impulsion donnée par le financier John Law. Les produits coloniaux, comme le sucre, rencontrent un immense succès. De 1716 à 1743, le commerce avec les colonies passe de quatre vingt à trois cent huit millions de francs. Parallélement, Orry met en place une politique douanière extrêmement protectrice, taxant, voire interdisant l'importation de certaines marchandises tels les tissus anglais ou hollandais. Grâce à l'organisation de grandes compagnies de négoces, comme la Compagnie des Indes, le commerce colonial se développe vers le Canada et l'Inde. Orry lance de grands travaux d'infrastructures routières, achève le percement du canal de Picardie. Le corps des Ponts et Chaussées est doté d'une grande école. Pourtant les principes de l'économie restent profondément dirigistes paralysant toute forme d'innovation. Les nombreuses interdictions faites aux ouvriers provoquent plusieurs révoltes comme celle des soieries de Lyon en 1744. La manie d'Orry de tout régenter lui fait prendre des décisions aussi stupides que celle de décider un jour que tous les moutons du royaume seront tondus à la Saint Jean! Il faut que ses conseillers lui montrent que la chose est impossible pour qu'il revienne sur sa décision. En dépit d'un commerce prospère, du développement des manufactures et d'une amélioration des rendements agricoles, une grande partie de la population continue de vivre dans un dénuement absolu. Et les mauvaises récoltes qui se succèderont de 1738 à 1740 vont contribuer à la dégradation du climat heureux qui régnait dans cette France des premières années du règne de Louis XV. Page MAJ ou créée le 2002 |