LES BOURBONS
LOUIS XV, LES PERSONNALITES
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LA MORT TRAGIQUE DU DUC Début février 1766, Stanislas Leszczynski trébuche et tombe dans la cheminée de sa chambre. Grièvement brûlé, le duc de Lorraine va s'éteindre, à l'âge de quatre vingt sept ans, au terme de dix huit jours d'une longue et douloureuse agonie. Le 20 décembre 1765, le dauphin Louis, fils de Marie Leszczinska et de Louis XV, est mort. En apprenant la nouvelle, Stanislas Leszczynski s'est effondré en sanglots. Depuis il a vainement cherché à se consoler de la perte de son petit-fils. Réfugié dans la religion, le vieil homme s'affaiblit de jour en jour et a même perdu le goût de se promener dans ses chers jardins. Le 3 février 1766, il fait célébrer à Nancy un service funèbre à la mémoire du dauphin, auquel, malgré le froid rigoureux, il tient à assister. Le lendemain, il rentre en son château de Lunéville. Le 5 février, bien que fatigué par le voyage, il s'éveille tôt comme à l'accoutumée. A six heures du matin, son valet de chambre le vêt d'une chemise en satin, d'une veste d'intérieur et d'une robe de chambre offerte par sa fille, la reine Marie. Après avoir satisfait à ses exercices ordinaires de piété, il s'installe dans son fauteuil devant un bon feu et allume sa pipe. Sortant de sa méditation mélancolique, le duc de Lorraine
se lève pour regarder l'heure à la pendule qui trône sur la cheminée. Il en
profite pour tisonner les braises. Mais il se penche un peu trop vers le foyer
: Les flammes viennent lécher un pan de sa robe de chambre et l'étoffe prend
feu. Aussitôt, il sonne ses valets qui, malheureusement ne se trouvent pas à
leur poste. Alors qu'il se baisse pour éteindre le feu qui gagne, le vieil homme
perd l'équilibre et tombe dans l'âtre, se blesse dans sa chute sur la pointe
d'un chenet. Comme sa main gauche s'appuie sur des charbons ardents, pris par
d'horribles douleurs, il est incapable de se relever. C'est tout juste s'il
a la force d'appeler au secours... Apprenant l'accident dont son duc bien aimé vient d'être
victime, le bon peuple de Lorraine, alarmé, envahit la cour du château, se répand
en prières, fait dire des messes. Tant que dure l'agonie de Stanislas Leszczynski,
les rues de Lunéville sont encombrées par les équipages des voyageurs venus
s'informer du tour pris par l'infection. "Je suis
touché de l'état de détresse où j'apprends que sont ces pauvres gens qui viennent
tous les jours de fort loin pour savoir de mes nouvelles, et qui ne trouvent
pas même où se reposer dans la ville", s'émeut le malade. A Versailles,
la reine Marie Leszczynska, ses enfants et ses petits-enfants, bouleversés,
s'inquiètent de l'état de santé de Stanislas. A sa fille, le duc de Lorraine
fait le récit de son aventure. Pour la rassurer (elle qui lui a offert la robe
de chambre à l'origine du drame et qui, lors de sa dernière visite, a insisté
pour qu'il se protège du froid!), il écrit, malicieusement : "Vous
auriez bien dû me recommander plutôt de n'avoir pas si chaud!" Page MAJ ou créée le 2001 |