LES BOURBONS
LOUIS XV, LES PERSONNALITES
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L'HERITAGE DE PARIS-DUVERNEY Si Beaumarchais a la faveur de la famille royale, sa bourse ne s'en ressent guère! Aussi, il se lance dans les affaires sous l'égide du financier Joseph Pâris Duverney, qui à sa mort, le 17 juillet 1770, lui fera un legs en remboursement d'une créance. Contesté par le comte de La Blache, neveu du défunt, cet héritage va l'entraîner dans une interminable série de procès. Pierre Augustin Caron de Beaumarchais approche la haute finance quand le riche fermier Charles Lenormant d'Etioles, époux complaisant de madame de Pompadour, la favorite de Louis XV, le met en contact avec son oncle, Joseph Pâris Duverney, l'un des plus importants financiers du siècle. Fournisseur aux armées, ce dernier a vérifié que faire fortune à l'ombre du pouvoir politique doit être compensé par quelques concessions à l'intérêt général... Il transmettra cette règle à Beaumarchais qui, dans Le Barbier de Séville, fera dire ironiquement à Figaro : "Faire à la fois le bien public et particulier, chef-d'oeuvre de morale en vérité, Monseigneur!" Pâris Duverney, qui a financé la construction de l'Ecole
militaire au Champ de Mars, conclut un accord avec Beaumarchais, maître de musique
et proche de Mesdames, les filles de Louis XV : il lui offre "son
coeur, son secours et son crédit" s'il obtient que les princesses
visitent cet établissement, qui végète et sont magnifiquement reçues. Ce qui
incite finalement Louis XV à suivre leur exemple, le 18 août 1760. Séduit et
pris d'amitié pour ce jeune homme charmant et ambitieux qui n'a pas trente ans,
le vieux financier va dorénavant l'initier à la banque, à la finance et au commerce.
Il l'associe à ses affaires, lui avance de l'argent pour acquérir des charges
et un hôtel particulier, rue de Condé. Beaumarchais devient ainsi lieutenant
général des chasses de la capitainerie de la Varenne du Louvre et, en 1761,
secrétaire de la Maison et Couronne de France, contrôleur de la Chancellerie.
Il multiplie les missions pour Pâris Duverney et, en 1764, se rend en Espagne,
voyage d'affaires qui lui permettra de découvrir la culture espagnole et influencera
son oeuvre littéraire. Sur ce procès viendra s'en greffer un autre, pour tentative
de corruption de fonctionnaire, dans lequel La Blache prendra bien évidemment
avec la dernière énergie le parti des adversaires de Beaumarchais, "monstre
achevé", appelant la justice à "purger la
société d'une espèce aussi venimeuse". Débouté en première instance
en février 1770, La Blache, qui dit : "Je hais cet
homme comme un amant aime sa maîtresse", n'abandonne pas et, début
1773, l'affaire vient en appel devant le Parlement de Paris. Mais, pendant le
procès, Pierre Augustin Caron est incarcéré à la prison de For l'Evêque, à la
suite d'une rixe avec le duc de Chaulnes. Le 6 avril, sur rapport du juge Goëzman,
l'arrêté de compte est taxé de nullité. Beaumarchais, reconnu coupable de faux
en écriture, se trouve déshonoré et ruiné, puisqu'il est condamné à verser cinquante
six mille livres à La Blache et à payer tous les frais du procès. Page MAJ ou créée le 2003 |