LES BOURBONS
LOUIS XV, SA VIE |
LE PARC AUX CERFS : LA GARCONNIERE DE LOUIS XV En 1755, Louis XV a quarante cinq ans. C'est un bon père et un mari attentif, à défaut d'être fidèle. La faute en revient à son insatiable tempérament de Bourbon et à son ex-maîtresse devenue confidente, Madame de Pompadour. Pour être sûre de continuer à garder son emprise sur le roi, celle-ci se charge de lui organiser de galantes et sensuelles rencontres au lieu-dit du Parc aux Cerfs, à Versailles. Les aventures légères du roi font scandale et alimentent rumeurs et ragots, pour le plus grand plaisir des ennemi(e)s de la Pompadour. D'abord, il y a ce lieu : le Parc aux Cerfs, au nom sonore et mystérieux évoquant quelque rendez-vous de chasse, galant, peut-être? Sûrement. A partir de 1750, la rumeur s'amplifie. On raconte que Louis XV se plaît fort en ce luxueux lupanar où se bousculent un nombre extraordinaire de jeunes et jolies filles. Au fil des années, la fable s'enrichit en détails graveleux. Louis XV abuserait de fillettes dans un harem secret! Les échotiers s'en mêlent, dramatisent, suggèrent l'innommable. Le roi ne dit rien, laissant ainsi libre cours aux pires ragots. En novembre 1755, pourtant, Louis XV achète une petite maison (par l'entremise d'un homme de paille) chez un notaire parisien. Elle est située à Versailles, au numéro 4 de la rue Médéric, dans le quartier de la cathédrale, appelée aussi Parc aux Cerfs. L'endroit, qui doit son nom à un enclos où Louis XIII avait enfermé des cerfs, est bien connu des Bourbons qui y ont eu un rendez-vous de chasse jusqu'en 1634. A partir de cette date, l'endroit, comme la plupart des terrains alentour du château de Versailles, a commencé à être bâti. L'idée d'aménager le Parc aux Cerfs en garçonnière royale revient à la marquise de Pompadour. Depuis février 1745, date à laquelle elle est devenue la maîtresse de Louis XV, elle "règne" sur les plaisirs de Sa Majesté. Elle n'a pas son pareil pour organiser une fête somptueuse, un bal masqué, une représentation théâtrale. Mais, en 1750, épuisée par la vie trépidante de la Cour et par la maladie, elle a sagement décidé de préserver le peu de santé qui lui reste. Elle n'est donc plus désormais que la confidente et l'amie dévouée du roi. Une situation certes privilégiée mais qui lui fait craindre plus que toutes les audaces et les regards langoureux des grandes dames de la Cour (telles Mademoiselle de Romans ou Mesdames de Gramont et de Forcalquier) qui ne rêvent que de lui "voler" son amant de coeur. Aussi préfère-t-elle voir le souverain fréquenter les "pensionnaires" du Parc aux Cerfs. Filles vénales de modeste extraction, ces petites maîtresses qu'elle attire dans les rets du roi ne sont que des amours de passage qui ne risquent pas de "s'incruster" au château. Ni surtout au "trébuchet", cet entresol coquin de l'appartement privé de Louis XV à Versailles. Pendant que le roi s'amuse, la marquise est rassurée. Ces filles-là sont bien moins dangereuses que les habiles et rouées courtisanes qui ne songent qu'à se glisser dans le lit du roi, pour se servir dans la cassette royale et s'immiscer dans les affaires de l'Etat. Louis XV laisse faire, sans s'interroger davantage. A quoi bon, puisque finalement il trouve parfaitement son compte dans cet arrangement. Défilent donc, entre Versailles et le Parc aux Cerfs, lesdites jouvencelles, ayant généralement entre seize et dix sept ans. Des mademoiselles Trusson, Niquet, Morphise, Robert, Fouquet ou Hainault, le roi n'a guère le temps de retenir le nom tant, parfois, l'aventure est brève. Pendant ce temps, à la Cour, on devise, on jase, on suppute. L'existence du refuge du Parc aux Cerfs n'est plus qu'un secret de polichinelle. Mais louis XV n'en a cure. Tout à son plaisir, il ne se soucie guère que l'affaire (et à la longue ce sera le cas) nuise à sa réputation. Les chroniqueurs, toujours à l'affût des moindres murmures de la Cour, mettent vite le nez sur la petite Trusson. Et la font parler. Les mauvaises langues s'en donnent à coeur joie. A présent, le roi trousserait des vierges pré-nubiles enlevées de force à leurs familles! Le "tableau de chasse" du roi se monterait à quatre vingt dix jouvencelles, au lieu de la douzaine probable. Car les cancans feignent d'ignorer que toutes ces demoiselles, comme le seraient de nombreuses dames de la Cour, sont consentantes et se pressent devant la couche de l'homme le plus beau et le plus puissant du royaume. Bien que les aventures du roi ne soient ni plus osées ni plus extravagantes que celles de certains de ses contemporains fort libertins, elles font scandale. Parce que Louis est le roi et que la monarchie ne peut être ainsi souillée. Page MAJ ou créée le 1999 |