LES BOURBONS
LOUIS XV, SA VIE |
LOUIS XV ENFANT ECHAPPE A LA MORT Il a tout juste deux ans et ne se rend pas compte des drames qui se déroulent autour de son berceau. En l'espace de deux mois, le futur Louis XV a perdu sa mère, son père et son frère aîné. Son arrière-grand-père, Louis XIV, terrassé par la douleur, ne peut plus compter que sur ce bébé pour assurer la descendance directe au trône de France. Et c'est sa gouvernante, la duchesse de Ventadour, qui, au printemps 1712, va sauver le petit prince de la maladie qui a emporté sa famille. Au mois de février, le dauphin Louis de Bourgogne et la
dauphine Marie Adélaïde ont été emportés à une semaine d'intervalle par une
épidémie de rougeole. Louis XIV est profondément chagriné par ces décès, d'autant
qu'un an plus tôt il a également perdu son fils, Monseigneur, le Grand Dauphin.
Désormais, il ne peut compter pour assurer l'avenir de la dynastie des Bourbons
que sur ses deux arrière-petits-enfants, le duc Louis de Bretagne, le nouveau
dauphin, âgé de cinq ans, et le duc Louis d'Anjou, le futur Louis XV, âgé de
deux ans. Les praticiens concentrent tous leurs efforts sur le petit
dauphin, qui est saigné maintes fois, à qui l'on administre force émétiques
pour lui faire vomir les "humeurs" pernicieuses. Mais ces remèdes
se révèlent impuissants contre la fièvre et le "pourpre". Le 8 mars,
peu avant minuit, Louis de Bretagne succombe à son tour à la maladie. Dès lors,
Louis XIV n'a plus qu'un seul héritier direct, le futur Louis XV, qu'il faut
à tout prix sauver de la mort. Quand les médecins entrent dans la chambre où
l'enfant a été isolé, les femmes qui veillent sur lui refusent catégoriquement
de les laisser procéder à une saignée. La gouvernante du petit prince, la duchesse
Charlotte de Ventadour, sa sous-gouvernante, la baronne Marie de Villefort,
et sa nourrice, Marie Madeleine Mercier, sont formelles : il n'a besoin que
de simples, mais efficaces remèdes, remèdes de bonne femme, dits aussi de "bonne
fame" (de bonne "renommée"). Il faut l'isoler, le garder au chaud
pour faire tomber la fièvre et lui donner du biscuit trempé dans du vin. Ses
chances de survie reposent bien plus sur ce traitement, qui a maintes fois fait
ses preuves, que sur les prescriptions hasardeuses des médicastres. Désormais à Versailles, la santé du futur Louis XV, devenu
le "prince nécessaire", est un constant sujet d'inquiétude. S'il s'enrhume,
ce à quoi il est sujet, chacun s'affole. S'il manque d'appétit, on craint de
le voir dépérir. Les consignes sont formelles : surtout ne pas le fatiguer.
On le veille pendant son sommeil, on suit minutieusement sa croissance, on le
couve pour lui éviter la moindre infection, on l'entoure de mille précautions.
Louis XIV suit de très près l'évolution de ce précieux arrière-petit-fils, dernier
survivant d'une longue lignée masculine et sur qui il a reporté toute son affection.
Il a remis l'enfant entre de bonnes et nombreuses mains. La duchesse de Ventadour
est secondée par deux sous-gouvernantes, une nourrice, une "remueuse"
dont le rôle est de bercer le petit prince, dix huit femmes de chambre et deux
blanchisseuses. A ces présences féminines et maternelles viennent s'ajouter
un garçon de chambre, deux porte-meubles et un argentier. Page MAJ ou créée le 2003 |