LES BOURBONS
LOUIS XV, SA VIE |
LE SUPPLICE DE DAMIENS Bien que l'attentat contre Louis XV semble étroitement lié à l'opposition des parlementaires, seul le régicide peut finalement être mis en cause, et il est exécuté le 28 mars 1757 au cours d'un horrible supplice. Cette affaire a des conséquences politiques importantes et assombrit le règne. L'enquête sur l'attentat commis par Robert François Damiens se poursuit sans parvenir à établir des complicités. Cependant, Louis XV est tenté de se montrer clément, comme il en a l'habitude. Après tout, sa blessure est légère, et sa vie n'a pas été mise en danger; il considère son agresseur plutôt comme une victime et un illuminé que comme un assassin. A ses yeux, il est possible que Damiens ait été manipulé par des parlementaires et, se défiant des magistrats, préfèrerait le faire enfermer dans une prison ou un hôpital, sans qu'il y ait procès. Mais l'attentat est maintenant connu dans toute la capitale
et suscite des troubles. Il devient impossible d'étouffer l'affaire.
De plus, les parlementaires, qui ont cessé leurs activités pour
s'opposer aux réformes gouvernementales, reviennent sur leur démission.
Ils se réunissent dans l'urgence et adressent une motion au roi, l'assurant
de leur dévouement. Pour se couvrir, par crainte des révélations
ou des divagations que risque de propager Damiens, qui se réclame d'eux
pour justifier son geste, ils demandent à instruire et à juger
l'affaire. Le souverain accepte de la renvoyer à la Grande Chambre. Damiens
est transféré à la Conciergerie. Et, tandis que cet esprit
simple imagine que sa lettre au roi lui vaudra l'indulgence, Louis XV, malgré
ses réticences, ordonne l'ouverture du procès. Ce supplice, qui fera date, marquera durablement les esprits.
Sa barbarie assombrit un peu plus un règne dont le monarque n'est plus,
définitivement, le Bien Aimé des débuts. Avec cet attentat,
Louis XV lui-même constate l'aversion que lui témoignent une partie
de ses sujets. Déjà inquiet, il tend encore plus au scepticisme,
au pessimisme et à la méfiance. Enclin à la mélancolie,
il s'isole de plus en plus. Il ne croit pas au revirement trop soudain du Parlement,
pas plus qu'à la culpabilité du seul Damiens, qu'il tient
toujours pour un pauvre fou, et sait que l'affaire reste obscure : "Sans
ces conseillers et ces présidents, dit-il à ses interlocuteurs,
je n'aurais pas été frappé par ce monsieur (...). Lisez
le procès; ce sont les propos de ces messieurs qu'il nomme qui ont bouleversé
sa tête". Page MAJ ou créée le 04/07/2004 |