LES BOURBONS
LOUIS XV, SA VIE |
LA MORT DE LA MARQUISE Elle n'a que quarante deux ans, mais sa faiblesse est extrême. Jeanne Antoinette d'Etioles, marquise de Pompadour, a souvent dit qu'elle ne vivrait pas vieille. La favorite de Louis XV a mesuré toutes les conséquences de la vie trépidante qu'elle a menée à l'ombre de son Bien-Aimé. Elle a rédigé son testament depuis sept ans déjà, quand en février 1764, elle prend froid et contracte une pneumonie. Le 15 avril suivant, elle rendra son dernier soupir et laissera le roi accablé par une profonde tristesse. L'hiver a été très rigoureux et, en février 1764, alors qu'elle séjourne à Choisy, la marquise de Pompadour prend froid. A quarante deux ans, celle qui a été, pendant une vingtaine d'années, la maîtresse puis l'amie très chère de Louis XV, est en fort mauvaise santé. Elle est en particulier sujette à de sérieux troubles cardiaques. Elle tente en vain de dissimuler sa maigreur pathétique sous des accumulations de voiles. Malgré son courage, le rouge et la poudre, son visage décharné est marqué par une intense fatigue. Le 29 février, soudain, dans le salon de Compagnie, la marquise s'écroule devant l'assistance atterrée. Le malaise est si grave qu'elle ne peut regagner sa chambre, au petit château, qu'avec l'aide d'un valet. Atteinte de pneumonie, elle crache le sang à plusieurs reprises, ce qui n'empêche pas les médecins de procéder à cinq saignées consécutives! Dans la semaine qui suit, la favorite, abattue par une forte fièvre, est au plus mal. Louis XV ne cache pas son inquiétude. Il reste à son chevet autant qu'il le peut, mais, au bout de quelques jours, doit rejoindre Versailles pour y vaquer à ses occupations officielles. La marquise reste à Choisy avec sa suite, et François Quesnay, premier médecin du roi, qui la soigne depuis des années et informe Sa Majesté par des courriers quotidiens. "La maladie de Madame de Pompadour arrêtait tout et faisait un bien grand événement (...). Toute la Cour, ainsi que tout Paris, envoyait ou allait sans cesse à Choisy. Chacun faisait ses raisonnements (...). Et cela fit, comme de raison la plus grande sensation", note le duc Emmanuel de Croÿ dans son Journal. Le 10 mars, la malade est considérée comme perdue. Toutefois, à la surprise générale, le 24 mars, son état s'améliore et lui permet de revenir à Versailles et d'y retrouver le confort de ses appartements. Dans la soirée du 7 avril, la marquise est victime d'une rechute alarmante : cette fois, le pire est à redouter. Elle a tant de peine à respirer qu'elle ne peut rester allongée et s'est installée tant bien que mal dans un large fauteuil. Louis XV est désespéré. "J'ai très peu d'espérance d'un parfait rétablissement et beaucoup de crainte d'une fin trop prochaine. Une connaissance de près de vingt ans et une amitié sûre! Mais Dieu est le maître et il faut céder à tout ce qu'il veut", écrit-il à son gendre. Le 14 avril, dans un dernier effort, la marquise ajoute
un codicille au testament qu'elle a rédigé en 1757, puis elle fait ses adieux
au roi et se remet aux mains des prêtres. Dans la nuit, le curé de la Madeleine,
sa paroisse parisienne, la confesse et lui donne l'extrême-onction. Le 15 avril
au matin, la mourante reçoit l'ultime visite de ses proches : son frère, Abel
François Poisson, marquis de Marigny, légataire universel de son immense fortune,
le prince de Soubise, qu'elle a nommé son exécuteur testamentaire, et le duc
de Choiseul, ministre de la Guerre. Faisant preuve d'un courage admirable face
à la douleur, elle renonce à toute vanité en refusant de changer de robe :"A
quoi bon, cela n'en vaut plus la peine", soupire-t-elle. A sept heures
et demie du soir, Jeanne Antoinette d'Etioles, née Poisson et marquise de Pompadour,
rend son dernier soupir. Page MAJ ou créée le 2002 |