LES BOURBONS
LOUIS XV, SA VIE |
LE SACRE Il est six heures du matin en ce dimanche 25 octobre. Et déjà la cathédrale Notre Dame de Reims commence de se remplir. Les chanoines chantent les primes, tandis qu'invités et dignitaires cherchent leur place en se pressant dans les gradins et les tribunes aux draperies fleurdelisées. Tous attendent l'avènement d'un règne. Aujourd'hui Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV, va être sacré roi de France. En ce jour de gloire, la cathédrale Notre Dame de Reims resplendit tel un joyau gothique. Tapisseries de la Couronne, draps d'or et d'argent, tapis précieux, velours et riches ornements entourent et rehaussent l'autel. Le trône royal est surmonté du dais brodé des fleurs de lys qui a servi lors du sacre de François 1er. Le déroulement du couronnement a été réglé depuis des mois. La cérémonie, d'une durée de six heures, a nécessité six mois de préparation. Des orfèvres aux couturières, tous les artisans du royaume ont travaillé dur en prévision de l'événement. Le sacre a attiré à Reims une multitude joyeuse, et une folle animation règne dans toute la ville. Nobles seigneurs, riches bourgeois, tant français qu'étrangers, contemplent, avec autant d'admiration et de stupéfaction que les paysans des environs, les arcs de triomphe dressés dans les rues principales. Devant la cathédrale, la foule est de plus en plus dense. A l'intérieur, les ecclésiastiques, les conseillers d'Etat, les membres de la famille royale et du corps diplomatique finissent de s'installer. A sept heures, les évêques de Laon et de Beauvais, accompagnés des chanoines, de musiciens et du maître de cérémonie, vont chercher Louis XV. En procession, ils empruntent la galerie de bois découverte, spécialement construite pour relier la cathédrale à l'archevêché, où loge le roi. Le chantre frappe à la porte, l'évêque psalmodie : "Nous demandons Louis XV, que Dieu nous a donné pour Roi." Louis XV se lève de son lit de parade. Par-dessus sa chemise et une tunique de satin écarlate, il revêt une robe de toile d'argent. Il coiffe une toque de velours noir rehaussée de pierreries et d'aigrettes. Entouré d'une suite aussi digne que nombreuse, le souverain, d'un pas solennel, gagne la cathédrale. Là, l'archevêque de Reims, Monseigneur de Rohan Guéméné, lui présente l'eau bénite. Puis, le roi, va prendre place sur le siège qui lui est destiné, dans le choeur. La cérémonie peut commencer. D'abord Louis XV prête les serments de protection envers l'Eglise et le royaume de France. Selon le rituel, il promet solennellement devant Dieu paix, justice et miséricorde. Après les oraisons, le roi ôte sa robe et sa toque. Il reçoit de l 'archevêque l'épée de Charlemagne et se prosterne devant l'autel. Le prélat procède alors aux onctions. Il oint Sa Majesté de l'huile de la Sainte Ampoule, à la tête, à la poitrine, aux épaules, aux jointures des bras. Puis, le Grand Chambellan passe au roi la tunique de dalmatique et le grand manteau royal de velours violet au lys d'or bordé d'hermine. Le souverain est à cet instant entouré des pairs de France, parmi lesquels se trouve le Régent, Philippe d'Orléans, et Monsieur de Fréjus, précepteur du roi. Enfin, l'archevêque ceint le front de Louis XV de la couronne de Charlemagne. A la fin de la cérémonie, il remplacera cette dernière par celle, plus légère, créée tout spécialement par le joaillier Claude Rondé. Elle comporte, entre autres, le fameux diamant, le "Régent", qu'on peut aujourd'hui admirer au musée du Louvre. Enfin, le roi est conduit par le prélat à son trône, où il s'assoit, tenant le sceptre et la main de justice. Après les prières d'intronisation et le
baiser de l'archevêque au roi, s'élève le traditionnel "Vivat Rex in
aeternum", repris en choeur par les pairs du royaume. Page MAJ ou créée le 1999 |