LES BOURBONS
LOUIS XVI, LES ARTS ET LES SCIENCES |
LE LOUVRE : UN MUSEE POUR LA FRANCE Le 21 mai 1791, l'Assemblée constituante signe l'acte de naissance du Muséum. Imaginé sous l'Ancien Régime, le futur musée du Louvre va être mis en oeuvre par la Révolution et ouvrira ses portes au public sept mois après la mort de Louis XVI. Au XIIème siècle, le roi Philippe Auguste
a fait édifier le château du Louvre à Paris, sur la rive
droite de la Seine. Au XVème siècle, Charles V, qui aimait y séjourner,
l'a fait agrandir et aménager. Puis François 1er a fait raser
le donjon des Capétiens et, en 1541, a chargé l'architecte Pierre
Lescot de dessiner les plans d'un palais au goût du jour. Tour à
tour, Catherine de Médicis, Louis XIII et même Louis XIV, bien
qu'accordant la priorité à Versailles, ont laissé leur
marque au Louvre. Jusqu'à ce que le palais, éclipsé par
les splendeurs de Versailles, cesse d'être résidence royale. Si La Font de Saint Yenne a songé à faire du Louvre un lieu d'exposition, c'est parce que le palais a de longue date accordé une place de choix aux créateurs et à leurs oeuvres. Depuis Henri IV, les artistes y ont leurs ateliers et y sont logés dans les étages inférieurs de la Grande Galerie. Louis XIV y a installé l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. Après un premier essai en 1725, tous les ans de 1737 à 1748, puis tous les deux ans, celle-ci y organise la présentation des réalisations de ses membres. Chaque 25 août, jour de la Saint Louis, le Salon, qui doit son nom au Salon carré où il se tient et qui a été aménagé tout spécialement par l'architecte et décorateur Louis Le Vau, est solennellement inauguré par le roi. Peu à peu, l'idée d'un Muséum fait son chemin. En 1750, Jacques Bailly, garde des Tableaux du roi, est chargé de sélectionner cent dix toiles qui sont présentées au palais du Luxembourg, ouvert au public le mercredi et le samedi. En 1765, le chevalier de Jaucourt, dans l'article "Louvre" de l'Encyclopédie, propose d'y rassembler les collections royales de peinture et de sculpture, de médailles et d'histoire naturelle. Au gré du bon vouloir du roi, de l'état des finances, de la disponibilité des architectes, le projet est affiné, oublié, repris, reporté... Enfin, en 1788, il est approuvé par Louis XVI. L'année suivante, la tempête révolutionnaire souffle sur le Louvre. Mais en marge de la politique, une autre révolution, culturelle, se prépare et les patriotes de 1789 vont reprendre à leur compte le dessein des souverains de l'Ancien Régime. Le 21 mai 1791, l'Assemblée constituante décrète
que "le Louvre et les Tuileries réunis seront
le palais national destiné à l'habitation du roi et à la
réunion de tous les monuments des sciences et des arts et des principaux
établissements de l'instruction publique". Dans ce Muséum,
on prévoit d'exposer les chefs-d'oeuvres des collections royales. En
octobre 1792, alors que Roland de La Platrière, le ministre de l'Intérieur,
fait entériner par la Convention la mise en vente du mobilier et des
objets d'art de Versailles, les pièces les plus intéressantes
sont réquisitionnées pour rejoindre les collections du Muséum.
Le 3 novembre, Roland adresse une circulaire à l'administration, précisant
que ce qui deviendra le musée du Louvre a l'ambition "par
la réunion et la conservation, d'entretenir parmi nous l'amour
des arts et des talents, et de devenir, dans des temps plus paisibles, un motif
d'émulation pour des citoyens qui s'adonneraient à leur culture,
un appât pour la curiosité qui puisse attester à la postérité
que le peuple français, en abattant ces chefs-d'oeuvre qui lui rappelaient
l'image des tyrans, a respecté (...) tout ce qui doit perpétuer
l'honneur des arts et des lettres, et la gloire d'une nation sensible et éclairée". Page MAJ ou créée le 2003 |