PRISONNIER DE GUERRE, PARMENTIER SE REGALE DE POMMES DE TERRE
Parce que son fruit
pousse sous terre, l'Eglise l'a longtemps considéré comme une plante diabolique.
Grâce à l'apothicaire Antoine Augustin Parmentier, la pomme de terre rapportée
d'Amérique du Sud par les Conquistadors, va sortir du purgatoire. Une fois les
préjugés vaincus, sa consommation mettra un frein aux terribles famines qui
ravagent la France.
Antoine Augustin
Parmentier est né sous le règne de Louis XV, à Montdidier, le 12 août 1737. Rien
ne prédestine ce Picard à laisser son nom dans l'Histoire. Son père, Jean
Baptiste, tient une petite boutique de lingerie et doit travailler dur pour
élever dignement ses cinq enfants. Comme tous ceux de sa modeste condition, le
petit Antoine Augustin est contraint de quitter l'école très tôt pour aider sa
famille. Intelligent et appliqué, il sait lire, écrire et compter. Grâce aux
bons soins de l'abbé Dargy, il a appris la grammaire et le latin. Ces
connaissances essentielles lui permettent de trouver, à onze ans, une place de
commis dans une pharmacie. Auprès de l'apothicaire Frison, Parmentier découvre
les plantes et les herbes. Il s'initie à leurs mille secrets bénéfiques, en
exécutant, sous le contrôle de son patron, maintes préparations médicinales.
Mais bientôt Frison, qui ne peut augmenter ses gages, lui conseille d'aller
poursuivre sa formation à Paris. A dix huit ans, en 1755, le jeune homme se décide à
quitter sa famille. Dans la capitale, Parmentier trouve rapidement du travail
dans l'officine de Jean Antoine Simonet. L'apothicaire est un bon maître. Il
décèle tout de suite les indéniables qualités de son jeune employé. Conscient
que celui-ci n'aura jamais les moyens d'ouvrir sa propre boutique, il le pousse
à se présenter au concours de "garçon apothicaire des hôpitaux du roi". Un de
ses amis, Louis Claude Cadet de Gassicourt, depuis quatre ans apothicaire major de
l'hôtel royal des Invalides, examine la candidature de Parmentier et l'accepte
en 1757.
La France alors en
guerre, Parmentier est envoyé sur le front de Prusse en qualité de pharmacien de troisième classe. Sur le champ de bataille, il se démène comme un beau diable. Chargé
des tournées d'inspection aux avants-postes, il contrôle l'état des ambulances
et gère les stocks de médicaments. Une mission qui n'est pas sans danger. A
quatre reprises, il est fait prisonnier. Mais à chaque fois, il a la chance
d'être échangé contre des ennemis captifs. Parmentier prend vite du galon et, en
1760, promu première classe, il est fait pharmacien aide-major. En août 1762,
pour
la cinquième fois, il est capturé par l'adversaire. Et cette fois ci, pas
d'échange. Mis au cachot, Parmentier n'a pour tout repas quotidien qu'une
étrange bouillie. Une purée de pommes de terre. Ces mêmes tubercules qu'en
France on donne aux cochons! Prisonnier de guerre de quelque qualité, Parmentier
bénéficie cependant, au bout de deux semaines, d'un régime de liberté surveillée.
On l'autorise à travailler chez un apothicaire de Francfort, Monsieur Meyer.
Fort compétent, celui-ci poursuit des recherches en chimie alimentaire. Auprès
de ce nouveau maître, Parmentier apprend énormément. Le 10 février 1763, la
guerre de Sept Ans prend fin. Démobilisé, le jeune apothicaire de vingt six ans est
autorisé à rentrer en France. Meyer voudrait qu'il reste à Francfort. Mais il
n'a pas les moyens de rémunérer un apothicaire de première classe. Alors il offre à
Parmentier sa fille en mariage et son officine en héritage. Antoine Augustin
hésite et finalement refuse la proposition et rentre à
Paris.
La guerre finie,
Parmentier n'a plus de travail. Mais il a une énorme soif de connaissances et
s'inscrit aux cours de botanique de Bernard de Jussieu où il étudie comme un
fou. Soutenu par ses amis, il se présente quand même à un concours, celui
d'apothicaire major "gagnant maîtrise" à l'hôtel royal des Invalides, qui
s'ouvre pour la première fois. Juste retour des choses, après tant d'efforts, en
cette fin d'année 1765, Parmentier est reçu. Il entre en fonction le 16 octobre
1766 aux Invalides, hôpital et hospice réservé aux anciens soldats. Dès lors,
Parmentier ne va plus avoir qu'une obsession : trouver le moyen de mettre un
terme aux famines qui déciment la population du royaume. Travailleur acharné et
infatigable, toute la journée il vaque à ses occupations d'apothicaire aux
Invalides. Et consacre une grande partie de ses nuits à ses expériences et
travaux personnels. En 1769, une grande famine ravage le pays. Parmentier met
encore plus d'ardeur à poursuivre ses recherches. Il en est persuadé : le
bien-être de l'humanité viendra de la pomme de terre!
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