LES BOURBONS
LOUIS XVI, LES ARTS ET LES SCIENCES |
RENE JUST HAUY FONDATEUR DE LA MINERALOGIE MODERNE Abbé et minéralogiste, René Just Haüy met autant de piété et dévouement dans son travail scientifique que dans sa pratique religieuse. Reçu à l'Académie des Sciences le 12 février 1783, le fondateur de la minéralogie moderne se montrera aussi indifférent à la Terreur révolutionnaire qu'aux honneurs qui salueront sa découverte de la structure des cristaux. Fils d'un tisserand pauvre, René
Just Haüy est né à Saint Just, en Picardie, le 28 février
1743. Remarqué pour son intelligence et sa vivacité, il a été
envoyé très tôt à Paris, avec son jeune frère
Valentin (qui sera le fondateur de l'Institution des jeunes aveugles), pour
y recevoir une bonne éducation. D'abord enfant de choeur (il aime les
chants religieux), il a obtenu une bourse pour le collège de Navarre,
où il s'est particulièrement intéressé à
la physique. En même temps qu'il est entré dans les ordres, il
est devenu maître au collège du Cardinal Lemoine. Sous l'influence
de son ami grammairien l'abbé Charles François Lhomond, il s'est
mis à étudier la botanique et à fréquenter assidûment
le Jardin du roi voisin. L'abbé Haüy fait part de
ses découvertes à Daubenton, qui en parle au grand physicien Pierre
de Laplace. Ce dernier engage le minéralogiste à venir les présenter
à l'Académie des Sciences; ce qu'il fait en deux fois, les 10
et 22 août 1781. Comprenant toute l'importance de ses travaux, l'Académie
s'empresse de l'accueillir en son sein, d'abord en classe de botanique, où
il reste une place, le 12 février 1783. En 1788, il est associé
à la classe d'histoire naturelle et de minéralogie. Bien qu'on
lui conteste sa découverte (un chimiste suédois a mis en évidence
les mêmes structures de base, mais sans les généraliser
à tous les minéraux), il poursuit ses recherches et met au point
une classification des minéraux. En 1794, René Just Haüy est nommé conservateur du cabinet des Mines et publie un Traité de minéralogie, son principal ouvrage, dans lequel il recense tous les minéraux connus en son temps. Le 9 décembre 1802, il devient professur de minéralogie au Muséum d'histoire naturelle, dont il quadruple les collections. De toute l'Europe, on vient admirer sa galerie modèle et entendre cet émérite professeur, bienveillant envers les plus humbles comme envers les plus savants. Napoléon Bonaparte le nomme chanoine honoraire de Notre Dame et en fait un des premiers chevaliers de la Légion d'honneur. Il lui demande d'écrire à l'usage de ses collègues un Traité de physique qu'il lira lors de son séjour forcé à l'île d'Elbe. A son retour d'exil, il le fait officier de la Légion d'honneur, ce qui n'empêche pas l'abbé de voter contre l'acte additionnel aux Constitutions de l'Empire. Vers la fin de sa vie, l'abbé Haüy doit faire face à de nouvelles difficultés. Sous la seconde Restauration, son grade d'officier lui est retiré, ainsi que sa pension, non cumulable avec le traitement accordé pour ses travaux. Il doit également se charger de son frère Valentin, rentré de Russie dans un état de santé des plus précaires. Après avoir fait une chute dans sa chambre, René Just Haüy se casse le col du fémur : la fracture est compliquée par un abcès qui la rend incurable. Malgré de terribles douleurs, il n'interrompt ni ses exercices de piété ni la préparation d'une nouvelle édition de son traité, jusqu'à ce qu'il meure, le 3 juin 1822, à Paris. Page MAJ ou créée le 2003 |