LES BOURBONS
LOUIS XVI, CHEF DE GUERRE |
LA FRANCE REVOLUTIONNAIRE DECLARE LA GUERRE A L'AUTRICHE Le 20 avril 1792, c'est avec enthousiasme que l'Assemblée Législative, soutenue par Louis XVI, déclare la guerre au "roi de Hongrie et de Bohême", l'empereur François II d'Autriche. Les défenseurs de la paix seront l'exception. A l'unanimité moins sept voix, les élus de la Nation engagent la France dans un conflit qui va durer vingt trois ans, jusqu'à la défaite de Napoléon à Waterloo. Le 27 mars 1792, l'Assemblée Législative a envoyé un ultimatum à l'Autriche, sommant l'Empereur de cesser de s'armer et de protéger les émigrés. François II a fermement refusé de plier devant les menaces de la France révolutionnaire. La guerre est désormais inévitable. Le 20 avril, après avoir pris connaissance du refus d'obtempérer de l'Empereur, l'Assemblée se réunit dans une atmosphère survoltée. Le général Dumouriez, le nouveau ministre des Affaires Etrangères, ouvre la séance en démontrant que la France a l'obligation d'entrer en guerre contre l'Autriche. Louis XVI lui succède à la tribune et déclare qu'il "adopte cette détermination, conforme au voeu de l'Assemblée et de plusieurs cioyens de divers départements". Une ovation salue ses propos. Reste à formuler les termes de la déclaration de guerre. Il est cinq heures du soir, et un vif débat s'engage entre les élus de la Nation, en majorité favorables au conflit. Le Feuillant Claude Emmanuel Pastoret affirme que "la liberté va triompher ou le despotisme va nous détruire... Nous ne pouvons douter du succès d'une guerre entreprise sous de si généreux auspices, la victoire sera fidèle à la liberté". Becquey, député de la Haute Marne, fait valoir l'indiscipline qui règne au sein d'une armée mal équipée et tente de ramener l'Assemblée à la raison. Lorsqu'il souligne l'état catastrophique des finances du pays, Pierre Joseph Cambon, élu de l'Hérault, lui rétorque brutalement : "Nous avons de l'argent plus qu'il n'en faut", faisant allusion à la vente des biens nationaux qui a permis, au cours des derniers mois, de renflouer les caisses de l'Etat. Le Girondin Guadet renchérit en remarquant qu'avec ses quatre millions de gardes nationaux la France est une des plus grandes puissances militaires d'Europe et qu'elle a en outre récemment recruté six cent mille volontaires. Becquey insiste cependant sur le fait que
la Nation devra affronter l'Autriche mais sans doute aussi son alliée,
la Prusse. Le Jacobin Basire, partisan de Robespierre et hostile à la
guerre, abonde dans ce sens et s'inquiète d'une possible désertion
des officiers, issus pour la plupart de l'aristocratie. Peine perdue. Le Girondin,
Jean Baptiste Mailhe l'interrompt brusquement : "Si
votre humanité souffre à décréter la mort de plusieurs
milliers d'hommes, songez aussi qu'en même temps, vous décrétez
la liberté du monde". Un tonnerre d'applaudissements
salue ces paroles, tandis que Dubayet s'exclame :
"Quoi! L'étranger a l'audace de prétendre nous donner un
Gouvernement! Votons la guerre! Dussions nous tous périr, le dernier
de nous prononcerait le décret... Ne craignez rien. Dès que vous
aurez décrété la guerre (...), les feux de la discorde
s'éteindront aux feux du canon et devant les baïonnettes".
Le Jacobin Merlin de Thionville, représentant de la Moselle, se charge
de conclure : "Il faut déclarer
la guerre aux rois, et la paix aux nations". Dans
une atmosphère enthousiaste, le décret décidant la guerre
est voté à l'unanimité moins sept voix. "L'Assemblée
Nationale délibérant sur la proposition formelle du roi, considérant
que la Cour de Vienne, au mépris des traités, n'a cessé
d'accorder une protection ouverte aux Français rebelles, qu'elle a provoqué
et formé un concert avec plusieurs puissances de l'Europe contre l'indépendance
et la sûreté de la Nation française... et après avoir
décrété l'urgence, décrète la guerre contre
le roi de Hongrie et de Bohême". En s'adressant ainsi à ce
seul roi, l'Assemblée sous-entend qu'elle n'a pas l'intention d'entrer
en conflit avec la Prusse et espère que celle-ci restera neutre. Mais
c'est sans compter sans le traité signé au mois de mars précédent
par l'empereur François II et le roi Frédéric Guillaume
II de Prusse. Page MAJ ou créée le 2001 |