LES BOURBONS
LOUIS XVI, LES PERSONNALITES |
"QU'EST-CE QUE LE TIERS ETAT?", UN PAMPHLET INCENDIAIRE DE L'ABBE SIEYES Publié en janvier 1789 à la veille des élections aux états généraux, le pamphlet Qu'est-ce que le Tiers Etat? établit le principe de la souveraineté du peuple et s'oppose violemment aux privilégiés de la noblesse, corps étranger que la Nation doit rejeter. D'emblée, l'abbé Sieyès, auteur de cette machine de guerre contre l'Ancien Régime, devient l'une des personnalités les plus influentes de la Révolution naissante. Né à Fréjus en 1748 dans une famille de condition modeste, Emmanuel Joseph Sieyès n'a pu embrasser la carrière des armes. De constitution maladive et poussé par ses parents, il s'est résolu à devenir ecclésiastique. Il adhère rapidement aux idées nouvelles et publie deux libelles. Le premier, Essai sur les privilèges, paraît en 1788 et préfigure le second, qui va lui conférer une gloire immense. Devenu grand vicaire de Chartres, Sieyès rédige Qu'est-ce que le Tiers Etat? en deux mois, fin 1788, alors que se réunit l'assemblée des notables convoquée par le ministre Necker pour organiser les états généraux prévus pour le 1er mai suivant. L'abbé pense ainsi préparer le troisième ordre aux élections et influer sur le cours des événements. La seconde partie de la brochure propose au Tiers Etat
des objectifs et les moyens pour les atteindre. Mais c'est surtout la première
partie qui fait sensation, avec son plan lapidaire : "1)
Qu'est(ce que le Tiers Etat? Tout. 2) Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l'ordre
politique? Rien. 3) Que demande-t-il? A devenir quelque chose."
Définissant le Tiers par son utilité sociale, l'abbé Sieyès subdivise les activités
du peuple en travaux de la campagne et de l'industrie humaine, "depuis
la vente des matières jusqu'à leur consommation ou leur usage";
travaux des marchands et des négociants; "travaux
particuliers et soins directement utiles ou agréables à la personne",
catégorie regroupant "depuis les professions scientifiques
et libérales les plus distinguées jusqu'aux services domestiques les moins estimés".
Le troisième ordre, "pour les dix neuf vingtièmes,
remplit toutes les fonctions publiques, avec cette différence qu'il est chargé
de tout ce qu'il y de vraiment pénible", insiste-t-il. L'audace des propositions finales rejoint la violence
de la charge. Il faut avoir recours à la Nation elle-même : "Si
nous manquons de Constitution, il faut en faire une : la Nation seule en a le
droit". Et la Nation, c'est le Tiers Etat, qui n'a rien à attendre
des privilégiés et devra s'assembler à part : "Il
ne concourra point avec la noblesse et le clergé, il ne votera avec eux ni par
ordre ni par tête". Page MAJ ou créée le 2002 |