LES BOURBONS
LOUIS XVI, LES PERSONNALITES |
L'ENTREVUE SECRETE DE SAINT CLOUD Depuis mai 1790, Mirabeau correspond régulièrement avec Louis XVI. Mais ses notes sur le cours des événements, fort détaillées et parfois prophétiques, sont restées lettre morte. En désespoir de cause, le champion du Tiers Etat espère, par l'intermédiaire de la reine, pouvoir convaincre le souverain d'agir et de sauver la monarchie. Le 3 juillet 1790, il va rencontrer Marie Antoinette à Saint Cloud... Depuis le mois de mai 1790, Mirabeau, fervent
partisan d'une monarchie constitutionnelle, envoie régulièrement, mais secrètement
et par le biais d'intermédiaires, des notes, des avis et des conseils à Louis
XVI. Aussi Mirabeau place-t-il ses espoirs en Marie
Antoinette, qu'il juge plus déterminée que son époux, à défaut d'être plus clairvoyante.
Bien qu'il ne lui ait jamais parlé, il reconnaît à la reine "une
force d'esprit prodigieuse; c'est un homme pour le courage".
Dans sa seconde note à la Cour, il affirme : "Le
roi n'a qu'un homme, c'est sa femme". Et prophétise
: "Il n'y a de sûreté pour elle que
dans le rétablissement de l'autorité royale. J'aime à croire qu'elle ne voudrait
pas de la vie sans sa couronne; mais ce dont je suis bien sûr, c'est qu'elle
ne conservera pas sa vie si elle ne conserve pas sa couronne". Mirabeau passe la nuit du 2 au 3 juillet
chez son neveu, du Saillant, qu'il a mis dans la confidence et qui, au matin,
le conduit en cabriolet à Saint Cloud. Le tribun s'introduit discrètement dans
le château. La reine le reçoit d'abord seule, puis Louis XVI les rejoint. La
teneur de l'entretien est restée secrète, mais Marie Antoinette confiera au
comte de La Marck, qu'elle et le roi "avaient
acquis la conviction du dévouement sincère de Mirabeau à la cause de la monarchie
et à leurs personnes". Quant au député provençal,
il dira à son neveu : "Je suis content,
tout ira bien". Avant de se retirer, a-t-il baisé
la main de Marie Antoinette en lui disant : "Madame,
la monarchie est sauvée", comme on l'a rapporté?
Toujours est-il que ses convictions en sortent renforcées. Il assure à La Marck
: "Rien ne m'arrêtera, je périrai
plutôt que de manquer à mes promesses". Mais, bien
qu'il continue à envoyer régulièrement des notes aux souverains, la situation
se dégrade et il s'inquiète : "Vous
le verrez, la populace battra leurs cadavres". Page MAJ ou créée le 2001 |