LES BOURBONS
LOUIS XVI, LES PERSONNALITES |
BEAUMARCHAIS ESPION DU ROI Horloger, maître de musique, financier, auteur dramatique, Pierre Auguste Caron de Beaumarchais exerce avec beaucoup de talent les métiers les plus divers. En 1774, un fâcheux revers de fortune le conduira à devenir agent secret au service de Louis XV puis de Louis XVI. A la suite d'un interminable procès, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais se trouve en fâcheuse posture. Ayant été "blâmé", c'est-à-dire privé de ses droits civiques, en avril 1773, il ne peut plus exercer de fonction publique. Sa situation financière est désastreuse et de plus, s'étant attaqué au nouveau Parlement créé par Louis XV, il ne se sent guère en sécurité. Au printemps 1774, il part pour la Flandre, puis pour l'Angleterre, où, grâce aux bons offices de son ami La Borde, premier valet de chambre du roi et fermier général, il commence une nouvelle carrière : celle d'agent secret. Sa première mission consiste à convaincre un gazetier établi à Londres, Charles Théveneau de Morande, de détruire un pamphlet, Mémoires secrets d'une femme publique, qui maltraite rudement Jeanne du Barry, la favorite de Louis XV. Oeuvrant sous le pseudonyme de monsieur de Ronac (anagramme de Caron), Beaumarchais réussit à acheter le silence du pamphétaire pour vingt mille livres comptants et une rente viagère de quatre mille livres; puis il entre en possession du manuscrit, et les trois mille exemplaires déjà tirés sont brûlés dans un four à plâtre. "Le hasard me suscite pour arrêter la publication d'un ouvrage scandaleux, je travaille jour et nuit pendant six semaines; je fais près de sept cents lieues, je dépense près de cinq cent louis pour empêcher des maux sans nombre. Vous gagnez à ce travail cent mille francs et votre tranquillité, et, moi, je ne sais même pas si je serai jamais remboursé de mes frais de voyage", écrit-il non sans une certaine amertume à Morande. Quand il rentre à Paris, Louis XV vient de mourir, et l'on ne se soucie plus guère de l'honneur de la Du Barry. Cependant, fort du sucès de cette première mission, Beaumarchais ne se décourage pas et propose ses services à Louis XVI par l'intermédiaire de son ami Antoine Gabriel de Sartine, comte d'Alby, lieutenant de police et futur ministre de la Marine. "Tout ce que le roi voudra savoir seul et promptement, tout ce qu'il voudra faire vite et secrètement, me voilà : j'ai à son service une tête, un coeur, des bras et point de langue", promet-il. Beaumarchais affirme qu'un autre maître chanteur, Guillaume
Angelucci, alias William Atkinson, se prépare à lancer depuis Londres un libelle
indiscret sur la vie sentimentale de la reine Marie Antoinette. "Un
amant porte à son col le portrait de sa maîtresse, un avare y attache ses clefs,
un dévot son reliquiare; moi, j'ai fait faire une boîte d'or ovale (...) dans
laquelle j'ai enfermé l'ordre de Votre Majesté, que j'ai suspendue avec une
chaînette d'or à mon col (...)", écrit-il en réponse à l'ordre de
mission que lui a donné Louis XVI. A Londres, à la mi-juillet, il passe une
convention avec Angelucci-Atkinson, mais le fourbe s'enfuit avec le pamphlet.
La poursuite entraîne l'agent secret français à travers l'Allemagne et l'Autriche
jusqu'à Vienne, où il arrive à la mi-août. Là, il prétend avoir été attaqué
par de mystérieux brigands, près de Neustadt. Il conte sa mésaventure à l'impératrice
Marie Thérèse, la mère de Marie Antoinette, qui le fait emprisonner pendant
un mois. Page MAJ ou créée le 2003 |