LE DESTIN TRAGIQUE D'AXEL DE
FERSEN Ami de coeur de Marie Antoinette, le
comte Axel de Fersen est issu de la haute aristocratie suédoise. Dévoué corps et âme
à la reine, il n'aura de cesse, après l'échec de la fuite à Varennes, d'essayer de la
sauver. Rentré en Suède, Fersen est tenu en haute estime par le roi Charles
XIII. Pourtant, en 1810, la rumeur l'accusera d'avoir empoisonné le prince héritier,
Christian Auguste. Il finira dans des circonstances dramatiques, lapidé par la foule.
Né à Stockolm, le 4 septembre 1755,
le comte Axel de Fersen est l'héritier d'une grande famille de la noblesse suédoise,
d'origine écossaise. Son père, le feld-maréchal Frédéric de Fersen, a servi treize ans en
France où il a commandé le régiment Royal Suédois.
Eminente et respectable personnalité, il est membre du parti pro-français, les
"Chapeaux". Comme il est alors d'usage, il envoie son fils dans les Cours
d'Europe pour achever son éducation. C'est ainsi que le jeune officier de dragons de la
garde suédoise est reçu à Versailles, le 1er septembre 1774, où il est présenté au
roi Louis XV. Ce jeune homme de dix neuf ans rencontre Marie Antoinette encore dauphine, dont il
va bientôt tomber éperdument amoureux.
Brillant, séducteur, "beau
comme un ange", Axel de Fersen est un jeune homme gâté par la nature, grand,
mince et élégant. L'une de ses amies, madame de Korff, le dépeint comme "une âme brûlante sous une écorce de glace". Le bel
officier, dont ces dames sont toutes folles, collectionne les aventures amoureuses et
passe le plus clair de son temps à s'étourdir de fête en fête.
En août 1778, Fersen est de retour en France. Sur les instances de Marie Antoinette, il
est affecté comme colonel au régiment Royal Deux Ponts. Le 1er mars 1780, grâce au
baron de Breteuil et au comte de Vergennes, il est promu aide de camp du comte de
Rochambeau. Le 13 avril, il s'embarque pour l'Amérique, en pleine guerre d'Indépendance.
Il y restera trois ans. Se distinguant par son courage, il est décoré de l'ordre de
Cincinnatus.
Outre-Atlantique, il continue à collectionner les conquêtes, comme il ne manque pas de
l'écrire à ses proches : "Ici, j'ai beaucoup à faire, les
femmes sont jolies, aimables et coquettes, voilà tout ce qu'il me faut".
Fersen rentre en France le 17 juin 1783. De nouveau grâce à l'intervention de Marie
Antoinette, il obtient le commandement du régiment Royal Suédois, assorti d'une pension
de deux mille livres. Il a vingt huit ans et caresse l'idée de se marier avec une riche Anglaise, puis
avec Germaine Necker, la future Madame de Staël. Il abandonne rapidement son projet afin
de rester plus disponible pour la reine, "la seule qui m'aime
véritablement". Il affirme d'ailleurs à propos de son célibat : "Je me trouve fort bien à l'état de garçon. Je sens que celui du
mariage ne me rendrait pas aussi heureux. A moins qu'il n'augmentât considérablement ma
fortune, ce n'est pas la peine de se marier pour n'avoir que des peines, des embarras et
des privations de plus".
A partir d'octobre 1789, Fersen se
dépense sans compter pour venir en aide à Marie Antoinette et à la famille royale.
Instigateur de la fuite de Varennes, il s'efforce de convaincre l'empereur germanique
Léoplod II, frère de Marie Antoinette, d'entrer en guerre contre la France. Il fait de
même avec le roi de Suède, Gustave III, dont il est proche et avec lequel il entretient
une correspondance suivie. Ce dernier projet manque bien de réussir; peu avant d'être
assassiné, en 1792, Gustave III s'apprête à intervenir contre la Révolution
Française.
Fou de rage et de douleur de n'avoir pu sauver la reine, Fersen rentre en Suède, où il
est accueilli à la Cour de Charles XIII. Pendant plusieurs années, il remplit de hautes
fonctions : ambassadeur au congrès de Rastatt en 1797, feld-maréchal, chancelier de
l'université d'Upsala. Et puis soudain, en 1810, court la rumeur que Fersen a empoisonné
le prince héritier, Christian Auguste, duc d'Augustenborg. Aucune preuve ne permet
d'étayer cette accusation. Mais la populace n'en a cure. Lors des funérailles du prince,
le 20 juin, Axel de Fersen est pris à partie et lapidé par la foule.
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